Duorukh ~
Dragon Ball Super : Broly - The Birth of Freeza’s Army
À part le nuage gris, personne ne paraissait surpris de voir cet individu tenir debout sur l’air. D’en bas, on ne pouvait pas voir s’il s’agissait d’un nuage ou d’autre chose mais, en tout cas, l’aura qu’il dégageait n’avait rien à voir avec les leurs. Sa présence indiquait clairement un être différent, un être… dangereux !
— Je vous ai posé une question simple, reprit celui qui avait réduit tout le monde au silence.
Ce fut alors le soldat au grand nez qui lui répondit. Lui qui jouait au dur devant Baadal et notre nuage gris se mit à bafouiller étrangement en s’adressant à celui qui flottait :
— En fait, euh… Il se trouve que l’Ancien Baadal a amené un étranger et…
— M’as-tu pris pour un imbécile ? l’interrompit brutalement la voix venant du ciel. J’avais déjà remarqué sa présence avant même qu’il n’entre dans la cité ! Ce que je vous ai demandé c’est ce que vous faisiez en ces lieux !
Même dans sa manière de s’exprimer, ce personnage était différent… Sa voix était grave et profonde, le ton qu’il employait était rude, voire même irrespectueux. Malgré cela, personne ne semblait vouloir lui tenir tête. Il devait avoir un statut spécial… Peut-être était-ce l’un de ces fameux Gouverneurs ?
Contre toute attente, Baadal se décida à intervenir. Il avança, d’un air sûr de lui, puis il dit haut et fort :
— J’ai rencontré ce jeune nuage un peu plus bas dans la montagne en allant chercher de l’eau. Il vient tout juste de naître… J’ai pensé que tu aurais aimé le voir !
— Baadal, j’ose espérer que tu te moques de moi, répondit l’individu mystérieux. Il semblerait que ton âge soit arrivé à un stade critique. Je me suis montré tolérant envers toi jusqu’ici mais ne crois pas que ma patience soit sans limite.
C’était la première fois que le nuage gris voyait quelqu’un s’adresser à l’Ancien de la sorte. Évidemment, cela ne lui plut guère mais il préféra rester muet. Que pouvait-il faire d’autre de toute façon ? Le pauvre comprenait à peine la situation dans laquelle il se trouvait !
— Tu le connais alors ? demanda le vieux nuage. Je t’ai dit qu’il venait de naître… Permets-moi donc de te demander quel est le crime de ce nouveau-né !
— Épargne-moi tes sarcasmes et ne me fais pas répéter, répondit l’autre. Tu as osé faire entrer un nuage gris dans notre cité… As-tu encore toute ta conscience, vieux nuage gâteux ?!
— Pourquoi ne t’adresses-tu pas directement à lui ? Aurais-tu peur ?
L’Ancien Baadal répliquait sur un ton pas moins provocateur… Il y avait une tension palpable entre ces deux-là. Notre héros gris était coincé au milieu d’une querelle à laquelle il aurait préféré ne jamais prendre part.
Néanmoins, cette situation le frustrait de plus en plus ! Qu’avait-il donc fait pour qu’on le reçoive ainsi ? Les nuages gris étaient-ils considérés comme des pestiférés ? Il n’avait pas encore de réponse mais il savait une chose : il haïssait tout de ce personnage qui continuait de les regarder d’en haut.
D’un seul coup, ce dernier vint se poser sur terre en faisant voltiger tout un tas de poussières autour de lui. Enfin, il se dévoilait au grand jour… C’était finalement bel et bien un nuage. En revanche, il n’était clairement pas de la même trempe que les autres.
D’abord, il était bien plus grand. Il mesurait près de deux mètres ! Ensuite, le bas de son corps était recouvert par le vêtement habituel en feuilles tissées mais celui-ci s’arrêtait au niveau de sa taille comme une jupe. Ainsi, tous pouvaient observer ses muscles saillants. Il n’y avait pas à dire, il en imposait autant que son aura…
Pourtant, c’est lui qui se figea en voyant le nuage gris de plus près. Pendant quelques secondes, il resta immobile et silencieux. Les iris de ses yeux se contractèrent jusqu’à prendre la taille de deux petites graines. Son expression devint sombre. Il semblait en état de choc…
Soudain, notre héros vit un énorme poing arriver tout droit sur son visage. En un bref instant, un souffle le repoussa et le fit tomber à terre. Devant lui se tenait Baadal. Le vieux nuage avait arrêté le coup de poing du colosse d’une seule main.
— Qu’est-ce qu’il t’arrive ? demanda calmement le vieux nuage.
— Tu me demandes si, moi, j’ai peur ? répondit l’autre en reprenant une expression normale. Je pourrais parfaitement le réduire en miettes en une fraction de seconde. Hé toi, nuage gris, relève-toi !
Non, il n’osa pas se relever. Il resta à terre, tremblotant. Il n’avait absolument rien compris à ce qui venait de se passer. Tout s’était passé si vite… Plongé dans la confusion, il ne saisit même pas ce que venait de lui dire le géant blanc.
— RELÈVE-TOI ! répéta ce dernier en criant.
Cette fois, le nuage gris se releva. Il attendit la suite avec une totale passivité. Sa conscience venait à peine de lui revenir que cette question lui fut assénée :
— Quel est ton nom ?
Son nom ? C’était bien la première fois qu’il se posait cette question… Le nuage gris n’avait pas de nom ! Il commença à avoir des sueurs froides. Qu’était-il censé répondre maintenant ? Était-ce cette satanée question qui allait avoir raison de lui ?
— Eh bien, alors ?! lâcha le colosse avec un sourire narquois, comme s’il avait pu lire dans le regard du nuage gris. Ne me dis pas que tu n’as pas de nom !
Évidemment, il devait s’en douter… C’est alors que notre jeune héros ressentit une nouvelle émotion. Oui, il n’avait plus qu’une envie : réduire cette espèce de golem en miettes ! Il n’aurait alors plus à lui répondre ! La colère se mit à parcourir indomptablement ses veines. Il serra ses poings et c’est alors que…
— Il s’appelle Grei.
« Grei » ? Ce nom résonna longuement dans la tête du nuage gris. Il mit bien quelques secondes à comprendre… Baadal venait de lui donner un nom. Contre toute attente, il avait enfin un nom ! Étrangement, après l’avoir entendu, inquiétude et anxiété se dissipèrent… Le nuage gris était devenu Grei.
— Grei ? fit le grand nuage en fronçant les sourcils. D’accord… Moi, je suis Duorukh, le chef de Nephelia, la plus grande cité nuage du Continent des Cieux, je suis le commandant de son armée et le maître du conseil des Gouverneurs. Aussi, je ne sais pas ce que tu es venu faire ici et cela m’est bien égal… puisque tu vas repartir d’où tu viens dès maintenant !
Ce n’était pas qu’un simple Gouverneur, c’était bien plus que cela… C’était Duorukh, le chef de Nephelia ! Cela expliquait le fossé qu’il y avait entre lui et les autres. Si Grei voulait s’intégrer à la cité, il fallait que lui l’approuve. Cela semblait peine perdue.
— Qu’est-ce que tu racontes ? demanda Baadal. Je t’ai dit que sa naissance est récente. C’est un nouvel elem ! Il n’a nulle part où aller ! Il y a une époque où l’hospitalité de Nephelia était…
— Ainsi, tu es bel et bien devenu fou, coupa sèchement Duorukh. Tu sais ce que j’en pense et j’ose espérer que, toi aussi, tu vas reprendre conscience. Après tout, tu devrais le savoir mieux que quiconque ! Les nuages gris n’apportent que malheur et destruction. NE L’AS-TU PAS APPRIS ?! Son peuple est MAUDIT !
— C’est un nuage, répliqua l’Ancien. Son peuple est aussi le nôtre !
— JAMAIS IL NE SERA DES NÔTRES ! s’écria le chef avant de se tourner brutalement vers Grei. Je suis responsable de notre cité et je me dois d’assurer la sécurité de ceux qui y vivent. Comprends-tu ce que je dis, Grei ? Alors, maintenant… JE TE SOMME DE DISPARAÎTRE !
— Je ne savais pas que tu pouvais te montrer aussi apeuré, Duo, dit Baadal en reprenant un ton suffisant. Il serait plus sage de faire appel au conseil et de faire voter une telle décision. C’est d’ailleurs ce qui est prévu par la loi. Tu ne peux pas décider tout seul de la sorte !
— Ah, tu crois cela ? ricana Duorukh. Eh bien, tu as raison. Oui, tu as même entièrement raison ! Je me suis laissé emporter par les émotions. Je m’en excuse… On procédera comme tu l’as dit. Le conseil se réunira comme d’habitude d’ici trois semaines. D’ici là, tu l’hébergeras.
— Te voilà raisonnable, dit Baadal, soulagé.
— Je n’ai pas fini, reprit Duorukh. Vous resterez hors de la cité ! Tu as toujours ton ancienne hutte qui est libre, si je ne m’abuse ?
— Tu m’envoies dehors ? demanda le vieux nuage, perplexe.
— Comme au bon vieux temps ! ricana le chef. Retiens bien que c’est ton choix, pas le mien. Tant que nous n’avons pas jugé, il n’a en aucun cas le droit de se trouver ici ! Je te fais confiance, Baadal. Je sais que tu suivras la loi. Tu mérites bien cela pour avoir été celui qui a mené l’Expédition Punitive. J’ose seulement espérer que tu ne referas pas deux fois la même erreur…
Après avoir entendu ces mots, l’Ancien Baadal tourna le dos à Duorukh et commença à repartir en direction du nénuphar. Alors, le sourire qu’avait le chef aux lèvres s’agrandit comme s’il venait de remporter la bataille.
— Hé, Baadal, maintenant que je vois ce ’Grei’ de plus près, je comprends la raison de ta bêtise, dit-il pour finir. Je sais ce que tu as derrière la tête ! Cependant, rappelle-toi qu’il n’est pas exclusivement question de toi ici, rappelle-toi ce qu’ont fait ceux de son espèce et, enfin, rappelle-toi que c’est à cause d’eux si tu ne peux dormir que d’un œil aujourd’hui.
— Oh, je n’ai pas besoin de plus que cela, Duo, répondit Baadal. Le borgne que je suis voit bien qui est bon pour Nephelia… et qui ne l’est pas.