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A  作者: 蕤
Chapitre 11 - Mon dénouement
40/41

Mon dénouement - Partie 3

L’éclat me fit perdre tous mes sens par saturation des sensations.

Mon torse semblait exploser de toutes parts, mon corps comme projeté dans toutes les directions de l’espace à la fois.


Je savais que j’étais tombée en arrière et qu’une balle m’avait violemment blessée.

Le fil de mes pensées s’est accéléré un instant tandis que je suffoquais.


J’ai vu le gouffre se renverser avec moi et ma chute. Ma sensation d’équilibre bascula encore plus, jusqu’à ce que je me sente comme tomber vers le haut, plus lentement.

Mon cerveau s’éteignait et me faisais apercevoir les lueurs d’arc en ciel au fond de l’obscurité.


Le ciel multicolore semblait s’illuminer au-dessus de moi tandis que je m’y élevais, m’en approchant doucement.

La lumière irréelle chargée de douleur me ramena à mes ambitions, mes désirs, ma vie.

Mes peurs... Mon instinct.


Mon vœu reformulé au bord de la mort était le plus simple de tous.

Je rêvais de survivre...


Chargée de regrets, je perdais connaissance à l’approche de la fin du gouffre.


Le monde se retourna encore en basculant autour de moi, le ciel redevenant le sol.

J’ai atterrit tout doucement en mourant.

Je n’ai rien senti d’autre que le froid dans ma chair en touchant le sable du sanctuaire.


Ensuite, il ne restait que le silence.


~


Autrefois, j’avais cauchemardé une possible réunion avec dieu.


La revoir.

Me retrouver face à elle lors de ma mort.

Devoir assumer mon crime lors de mon jugement dernier.


Cette idée m’avait terrifiée.

Peut-être.... Qu’elle était toujours vivante, quelque part dans l’au-delà... Et que désormais elle y attendait patiemment mon inéluctable venue, le cœur remplit d’une haine qui ne se dissipe pas.


Devoir subir la justice des autres m’a toujours terrifiée...


Au dernier soupir de ma part, un déferlement d’émotions et de fantasmes semblait m’emporter dans le néant.

Mes dernières pensées graduellement devenues confuses avaient gardé les peurs relatives à dieu en bonne place.


La peur de la retrouver ; mais aussi la peur pleine de regrets de l’avoir remplacée.


Finalement, par ces peurs, mon doute septique était un jour devenu doute croyant.


Croire en elle m’avait indirectement rassurée. Car cela donnait sens à mon existence, mes expériences et mon ambition... Cela m’avait indirectement aidée à vivre plus sereinement.

Nous choisissons tous de croire en ce qui nous rassure le plus.

Encore une fois, je n’avais été qu’une humaine parmi cent milliards.


Je n’ai pas été comme dieu, je ne le crois pas. Mais j’ai hérité de son pouvoir.

Je ne suis pas un ange non plus, mais j’ai hérité de cet idéal. Mon souhait n’était qu’espoir.

Je ne suis pas une sorcière, mais il paraitrait que j’aurais hérité de ce genre de volonté...

Je suis juste une femme...


A...


~


Il pleuvait dehors.


Je ne savais pas si je me situais encore un peu avant ou juste un peu après ma mort.


Je me sentais presque apathique, presque.

J’étais comme ivre, épuisée de plusieurs nuits sans sommeil et complètement anesthésiée.


Je voyais la pluie entre des arbres.

Je ne pensais à rien et je ne réagissais pas, mais je semblais me trouver là, même si cela n’avait pas de sens.


Je voyais des militaires forcer mes amies menottées à monter dans des véhicules de transport blindés.


Je regardais la scène d’une certaine distance physique et émotionnelle. J’étais presque complètement absente.

Certaines filles pleuraient, mais peu importait.


Des soldates brûlaient tout.

Des explosions forçaient l’effondrement des bâtiments et l’éboulement des tunnels.

Des bidons de déchets chimiques ou nucléaires étaient vidés sur les plantations.


Pas un coup de feu ne fut tiré.

Les femmes qui vivaient là ‘avaient pas les moyens ni la volonté de se rebeller si violemment.


Ma maison était démolie par une artificière comme les tunnels plus tôt.

D’autres empoisonnaient les ruines et les environs.


Je voyais les scènes anachroniquement. Comme si je me trouvais à un endroit ou un autre sans ressentir le temps ou le déplacement. Je voyais les scènes sur un écran noir où tout était lointain.


Le toit de ma maison s’effondra.

La soldate qui l’avait observé s’en détourna et marcha sur le chemin vers l’endroit où je semblais me tenir, pour assister à cette scène de plus loin.


Elle me croisa comme si je n’existais pas. Je n’étais pas là à ses yeux.


J’étais morte...

Je n’étais plus qu’un fantôme neurasthénique ou une ombre.

Mon esprit ralentit se laissait porter par ces images et sons sans arriver à réagir.


Je voyais tout le monde partir. J’observais les derniers humains monter dans les véhicules.

Les flammes retombaient avec la pluie.


Elles avaient tout ramené à néant.

Comme avant ma venue...

Comme si je n’avais jamais dû exister.


Pour une raison ou une autre, je n’en avais effectivement jamais eu le droit.


La soldate parlait à la ministre sur le bord de la route, avant de monter sur le véhicule.

La ministre regardait une dernière fois le paysage désormais désolé et couvert de fumées.


Elle se retourna vers le véhicule mais s’arrêta.


Elle me regarda.


Elle me voyait.

Elle devait observer une silhouette sombre et incolore comme une ombre oubliée.

Un spectre attristé et égaré mais incapable de repartir...


J’avais envie de pleurer mais je n’étais qu’une ombre sans corps, sur laquelle même la ministre ne s’attarda pas.

Elle entra dans le véhicule qui démarra et s’en alla.


Le calme revint.


J’ai été témoins des mêmes comportements aux villages des environs.

Tout le monde fut évacué de force et tout fut détruit derrière...


Et bientôt, toutes les présences humaines de ce vaste territoire s’en allèrent...


Bientôt, il ne restait plus que la forêt à l’infini. Toute trace de civilisation ayant été réduite à débris...


Je regardais la pluie tomber sur la prairie du plateau. La fumée des incendies se dispersait.


Moi et mes grands yeux désespérés imaginaires retournâmes au néant.


~


L’axis mundi avait cela d’étrange qu’il était dans les légendes autant la porte vers le monde des cieux que celui des morts.


La porte pour passer du monde d’en bas au notre était la même que celle pour passer du notre à celui d’au-dessus.


Dieu l’avait expliqué autrement et cela l’avait rendu intéressant. L’axis signifiait la transformation et non le voyage.

L’ascension vers ce que l’on désire lorsque cela est possible.


Les humains devenir des dieux, et les morts devenir des vivants...


Les deux véritables gardiennes de cet endroit, celles qui empêchaient quiconque ayant touché ce pouvoir de sortir, elles m’avaient dit autre chose d’intriguant qui se corrélait bien à l’explication précédente.

Que l’ennui avec cette porte, c’est que l’on ne peut jamais être certain du côté duquel on se trouve par rapport à elle...


C’était, pour ce que j’en avais compris plus jeune, comme le paradoxe du chat de Schrödinger.

La porte était là, mais au final, je ne pouvais pas savoir avec certitude de quel côté j’étais, c’est-à-dire à quel point j’avais changé à son contact. Il fallait un autre observateur pour trancher.


QU’avais-je fait ?


M’étais-je transformée ? En dieu ou en humaine ?

Désormais, j’étais morte.


Et pourtant... J’étais encore là.


Quelque chose de moi subsistait...

Un spectre encore capable de pensée subsistait quelque part dans l’obscurité. C’était moi désormais.

C’était moi désormais...


Je devinais tristement la suite.

L’attente éternelle, impuissante.


Jusqu’à apercevoir quelque chose au travers du ciel multicolore érodé...

Et tout faire pour l’attirer jusqu’à moi...


Je n’arrivais ni à hurler ni à pleurer, mais le sentiment me déchirant y était.


Le pouvoir résidait peut-être en moi plus qu’en ce lieu, mais la réciproque était désormais vraie. Je me retrouvais emprisonnée là et assurant à nouveau que le pouvoir y demeure.


Ces deux sorcières... Elles avaient très bien joué...


Ces deux sorcières...

Elles n’avaient apparemment pas eu d’autre choix que de me sacrifier pour sceller de nouveau ce pouvoir dans ce tombeau.


Et elles étaient plus jeunes que moi...

Ma suffisance et mon opportunisme m’avaient couté la vie...


Que pouvais-je faire désormais, mis à part me lamenter sur chacune de mes erreurs passées ?

Je ne comprenais pas pourquoi ma conscience et ma réflexion ne mourraient pas...


Je ne devais plus être humaine.

Ce destin qui se dessinait à moi m’était insupportable. Je préférais mourir.

Mais j’étais prisonnière.

Je n’avais plus aucun moyen perceptible d’agir.

Je n’étais plus qu’une pensée, et parfois quelques lueurs dans le néant.


Pour toutes les années à venir, je semblais condamnée à exister là. Dans l’obscurité de cet endroit, dans l’espoir de voir une issue à l’avenir, ou un peu de ma souffrance s’apaiser.


~


J’hurlais dans le silence et néant, sans causer de bruit et sans discontinuer.


Je comptais les secondes anxieusement, jusqu’à accumuler les minutes. Puis les heures. Puis les jours.

Je devenais folle à compter seconde par seconde les mois passant.

Puis les années.


Une dizaine d’années.


J’avais eu le temps de passer par tous les visages de la folie.


Une vingtaine d’années j’avais compté...

Sans vraiment vivre ou exister.


Et puis, contre toute attente, ce n’est pas la lumière qui fit son apparition soudainement, mais la douleur.

La sensation de douleur dans mon corps.


Le cauchemar fou prenait fin, tandis que je reprenais soudainement conscience.


~


Un hoquet, une inspiration brutale et douloureuse, puis une expiration en un long souffle éveillé...


Je n’étais pas morte.


Mon corps endolori et paralysé était encore là.

Mon cœur tremblait irrégulièrement en moi.


Je sentais des écailles de crasse et de sang dans ma gorge et ma bouche.

Mon visage aussi était couvert de cette gangue de sang froid.


Un seul de mes yeux s’ouvrait, mais je ne voyais rien.


J’avais mal quand je respirais, mais je respirais...


Tout ce temps passé dans les ténèbres n’avait été que mon pire cauchemar, pas la réalité.

Je n’avais pas pu rester inconsciente bien longtemps.


Me sentir respirer, me savoir en vie, me fit rire de surprise et de soulagement. Un rire douloureux mais libérateur.


Mon torse était très douloureux.


J’ai pu remuer. J’ai senti le sable sous moi bouger avec moi.

J’étais toujours là.


Seule. Avec mes rêves. Les bons comme les mauvais.


Il me fallut un peu de temps pour retrouver tous mes esprits, comme mes moyens physiques.


Lentement, j’ai bougé.

Mes doigts, mes bras, mes orteils, un genou ou l’autre.


Je mourrais de froid, et sûrement de dix autres choses à la fois, mais je ne sentais encore que ça, le froid.


Je me suis redressée trop vite lorsque j’en ai trouvé la force.

Le sang m’est retombé dans le cou et j’ai eu une hallucination avant de perdre de nouveau connaissance.


Un autre rêve. Moins sinistre.

Toujours ce sempiternel et étrange feu de camp sur le sable.


Qui était là cette fois ?


Personne d’autre que moi.

Mais...


Mon corps décharné et mort se relevait.

Je ressuscitais. Je guérissais et je renaissais.


Mon corps ruiné redevenait beau à mes yeux. Sans pour autant rajeunir, je redevenais quelqu’un qui me convenait. Le rêve... Vivre encore, en bonne santé et sans craintes. Ça c’était pour contenter mon tempérament primordial d’humaine.


Mais ce n’était plus tout désormais.

Car en survivant là, j’avais compris que je n’étais pas la seule à orbiter autour de cet endroit.


Deux ennemies mortelles s’étaient révélées, et elles avaient failli triompher.


Mon corps se ranimait.

Dans mon rêve, j’agrippais la lueur floue de mes deux mains.

Je ne voulais ni mourir, ni abandonner...


Elles pensaient l’avoir déjà gagnée, mais la véritable guerre venait seulement de commencer.


J’ai écrasé et éteint la lueur, et je me suis réveillée.


~


Je n’aurais su précisément dire si c’était une guerre pour une ressource, ce pouvoir, ou une concurrence idéologique que je leur déclarais.


Je me pansais en tremblant des crevasses atroces sur la viande décharnée qu’était devenue mon corps. J’étais squelettique. J’étais sale et morbide, mais j’étais vivante.

Et j’allais continuer de me battre pour le rester.


Parce qu’on me l’avait encore refusé...


Le droit de vivre n’existe pas. Il est subjectif.

Chacun se l’accorde et le refuse à ce qui le met en danger ou lui déplait.


Ce qui existe cherche à continuer d’exister, et à croitre.

J’allais commencer par subsister, puis reprendre des forces.


Ensuite... Ensuite si je trouvais la force nécessaire, je continuerai de mettre ne branle mon projet pour l‘avenir...


Mon corps maigre et blessé parvint à rassembler quelques affaires qui trainaient par là et à grimper dans la cage d’escalier.


~


Humaine, dieu, sorcière, ange. Qu’importe. Selon la définition et le contexte, les quatre devenaient tragiquement similaires. Se définir n’est possible qu’avec un paradigme accepté, comparativement, et donc dans un contexte choisi. Ma culture, elle n’était plus. Elle n’existait plus que par moi, de nouveau...


Mes espoirs de survie étaient faibles.

Ceux de faire avancer mon rêve et donc sa protection conflictuelle étaient encore plus minces.


Mais j’allais essayer encore une fois.


Pour toutes les années à venir.

Jusqu’à disparaitre dans l’oubli ;

J’allais continuer d’exister.


~


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