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A  作者: 蕤
Chapitre 10 - Ma maison
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Ma maison - Partie 7

L’appréciation du temps est très relative.

Surtout chez moi, sur ce territoire je le suspectais.

Même si elle n’était ni sportive ni très dégourdie, elle fut rapidement installée et elle aussi chez elle comme si nous avions toujours vécues là depuis des années.


Une chambre devint sienne. Nous avons travaillé ensemble sur certains chantiers de terrassement et d’ébénisterie notamment. Nous avons aussi commencé à travailler à la pèche, la chasse et l’agriculture de plusieurs façons différentes.


J’avais des réserves de graines pour de nouvelles cultures qui n’attendaient que nos efforts et les semis.

Cela me mettais mal à l’aise de l’avoir recrutée pour travailler aux champs, mais cette idée et les tours sinistres qu’elle pouvait avoir ailleurs la firent mourir de rire.


Elle n’allait jamais être mon esclave mais j’étais mal à l’aise avec cette image. Elle me suggéra de la voir comme une partenaire ou une amie.

Parfois la simplicité me manquait. J’avais très bonne fortune avec cette amie pragmatique à mes côtés.


Avec l’été en approche, nous avions préparé à divers endroits des espaces de cultures variées et mélangées. Nous manquions de connaissance quant aux synergies possibles entre les diverses cultures vivrières. Certains plants peuvent en protéger d’autres ou concurrencer d’autres, mais nous ignorions ces liens.

Du coup nous avions fait diverses associations possibles en divers endroits. Nous allions apprendre avec les résultats.


Je pensais demander au village des guides agricoles lors de ma prochaine visite.

Ce fut justement bientôt l’occasion d’y retourner, après quelques outils brisés et autres blessures de mon amie. Ayant trop peu de fournitures médicales, au-delà de quelques antalgiques et d’alcool, je décidais donc qu’il ‘était temps d’y retourner.


La jambe et un bras bandés par de vieux vêtements après sa chute et quelques erreurs en bricolant, elle m’accompagna tout de même avec curiosité.


Je lui avais déjà fait visiter la région et ses points d’intérêts.

Elle avait été intriguée par les plaques arborant le symbole bicolore. Elle avait même montré un grand intérêt pour celles-ci en fait.


Je me suis chargée de quelques lingots de métal et nous sommes parties vers le nord au matin.

Sur la route je lui expliquais progressivement qu’elle n’était pas la seule à avoir vu en moi la sorcière veillant sur ce lieu.


Nous atteignîmes le ruisseau et trouvèrent un sentier forestier dans la fin d’après-midi.

Le soir tombant, nous arrivions au village. Des enfants se mirent à crier de joie en me voyant arriver là. Cela m’étonnait toujours que je puisse faire un tel effet.


En tenant la main de deux d’entre eux parlant trop vite pour que je les comprenne, nous avons rejoint la salle commune.


~


Mon amie, sortie de mon ombre comme si je dévoilais ma fille ou ma disciple, sut se présenter seule et expliquer ses soucis.

Elle s’éloigna avec quelques personnes pour s’occuper des diverses blessures qu’elle avait un peu partout sur le corps.


Après avoir confié le métal à un jeune homme, j’ai passé un moment avec les familles présentes. Je parlais un peu, lentement, avec les adultes curieux tandis que les plus jeunes jouaient autour de moi.


On me suggéra d’épouser un jeune homme un peu perdu et de vivre là. Tout le monde riait et moi avec, un petit peu, à cette proposition moqueuse.

Comme je leur disait, je ne pouvais vivre que dans la forêt interdite.


En relevant intelligemment que j’avais accueilli quelqu’un, certains enfants voulaient venir voir chez moi. Je refusais comme leurs parents, gentiment.


Mon équilibre encore nouveau n’avait déjà qu’à peine assez de moyens pour me faire subsister. Je tentais de l’expliquer aux jeunes avec une voix douce les mystifiant un peu.

Aujourd’hui je ne pouvais recevoir personne d’autre, ma maison étant encore trop jeune et trop petite.

Mais avec le temps, tout pouvait changer éventuellement.

S’ils étaient patients, très patients, peut-être que viendrait un jour où je pourrai recevoir d’autres personnes.

Et aussi que leurs parents acceptent je rajoutais, bien d’accord pour partager avec eux la responsabilité de la frontière.


Les enfants ne comprenaient pas mais ils auraient oublié sitôt le lendemain arrivé leurs petits souhaits, je n’en doutais pas.

Avec le temps les jeunes comprenaient que je ne représentais pas simplement un village voisin et similaire au leur ni un refuge mystique et magique de leurs romans.


En attendant que le temps passe et que les enfants ne grandissent, je finissais mes trocs. On m’avait proposé de m’échanger le métal contre de l’argent plutôt que des provisions. J’avais toujours refusé.


Ma jeune amie finit par revenir avec une sacoche de produits médicaux qu’elle remporterait. Elle avait aussi récupéré une coupe d’écoulement à sa grande joie. Je ne savais pas ce que c’était mais cela allait me plaire également plus tard.


Elle parlait plus facilement que moi, elle fut donc pressée de questions.

Elle réfuta être ma disciple et se présenta en amie. Elle dit ignorer si elle repartirait un jour et refusa de détailler la raison de sa présence chez moi. Elle déclara avec l’envie manifeste de faire croitre les mystères qu’elle était venue en réponse à l’appel de l’ange de la région.


Elle commençait à s’amuser en brodant de la légende autour de notre histoire, la réécrivant avec plus de mysticisme et de féérie.


Cela contrastait avec mon silence.

Elle n’en fit heureusement pas trop.


Au bout d’un moment, son regard redevint vide et froid, son visage devenant inexpressif. Je comprenais que l’heure était passée pour elle. Son moi émotionnel venait de fermer sa porte pour dormir, sans prévenir. Il était temps pour nous d’y aller.


On me proposa de rester dormir mais je refusais. Il valait mieux que nous rentrions.

Nous sommes donc reparties au milieu de la nuit.

Elle me suivait docilement hors du village, plus silencieuse que moi.

L’échange avait assez duré pour cette fois et l’avait épuisée. Nous avons disparu dans les bois.


Elle ne parlait pas mais je ressentais un stress émanant de son comportement au-delà de l’épuisement émotionnel.

Nous avons fait une pause. Je lui ai tenu la main avec compassion. Je la félicitais en reconnaissant qu’elle avait dépassé ses forces socialement.


Son regard inanimé trembla sur moi en m’écoutant. Elle était simplement fatiguée après cet effort intense. Tout le monde n’est pas au mieux adapté pour les mêmes modèles sociaux.

Je l’ai rassurée et nous avons continué de marcher un moment, à la lueur d’une simple lampe torche.


Après quelques heures, nous avons établi un campement de fortune pour finir la nuit là car nous étions épuisées.

Nous nous sommes emmitouflées là au milieu des bois en nous recouvrant de nos affaires.


Elle me remercia et nous nous reposâmes sans un mot de plus.


~


Le sommeil dans ces conditions n’était pas bon, mais c’était déjà ça pour les muscles. La tête en vrac, ces sensations désagréables dues au manque de sommeil, il allait falloir les supporter.


A l’aube, nous sommes reparties après cette mauvaise nuit. Les sensations désagréables allaient s’apaiser doucement malgré leur nombre. Cela ne nous dérangeait pas tant que cela, car partir quand nous en avions eu assez avait été probablement le meilleur choix pour nous. Nous avions cette liberté enviable.


Plus qu’une nuit à l’abri, il lui avait fallu retrouver du calme après qu’une part d’elle-même ai claqué la porte de son comportement par épuisement.

Moi-même n’avais pas eue goût à rester plus longtemps et étais soucieuse de son bien également.


Nous étions reparties et un agréable sentiment de liberté nous allégeait les désagréments d’un médiocre sommeil, après une soirée fatigante, aussi heureuse qu’elle fut.

Nous étions dans la journée de retour chez moi et une sieste s’imposa.


Un feu pour chauffer de l’eau accumulée dans un réservoir petit à petit. Quelques heures d’efforts, pour pouvoir se laver tour à tour à l’eau chaude dans la salle de bain de fortune de la pièce arrière.

Je ne l’avais pas fabriqué dans le sous-sol finalement. Il avait été plus aisé et plus sûr de l’établir au rez de chaussée une fois la pompe manuelle pour amener l’eau installée.

Ce jour là, nous prîmes une bonne douche, précédée et suivie de diverses siestes.


Elle me confia être bien, là.

Et plus tard, l’envie d’établir notre histoire.


~


Elle pressentait que d’autres comme elle viendraient, et que la petite culture que nous partagions allait à sa manière prospérer.

Elle commençait à croire que mon histoire, ma petite transcendance, ma vie en quelque sorte, allait perdurer encore un peu au-delà de moi.


De la même sorte qu’elle-même était venue parceque je ne contrôlais pas tous les aspects et influences de mon existence sur Terre, elle eut l’envie de mettre au clair et de styliser l’ensemble de cette histoire.


Je le regrettais un peu mais ma vie n’était pas autarcique, et ces contours au-delà de mon propre corps, l’aspect social et culturel de mon existence, il n’était effectivement pas dans un cadre culturel bien défini à cet endroit.


Dis plus simplement, elle commençait à vouloir écrire notre culture, celle de ma transcendance ici. Mon histoire et celle de ce lieu y trouvaient les places centrales, et elle voulait articuler l’ensemble comme des contes laissant le choix de croire, voir d’espérer.

Sans avoir l’ambition d’écrire les débuts d’une nouvelle religion dogmatique, une culture ambitieuse en somme, elle voulait établir notre culture d’une façon séduisante et féérique.


Tout cela n’avait pas de franche utilité au-delà du passe-temps que cela représentait, tant que nous étions deux du moins. Mais elle avait raison. Établir les bases de notre culture aiderait à nous définir, pour nous même et pour les autres, et éventuellement aussi pour de prochains visiteurs à venir.


Je ne pouvais pas nier que ma vie ne se résumait pas à juste vivre dans la forêt aujourd’hui.

Il y’avait ces histoires passées ou récentes et nos liens, qui formaient un ensemble encore informe et surtout dénué de nom ou d’identité indépendante.

Elle voulait dessiner cela et raconter ces contours, pour nous et pour nos prochaines rencontres.


Je ne voulais évidemment pas être érigée en prophète, sachant que j’avais déjà péniblement accepté le statut de sorcière ici. Le choix du statut social et de sa représentation m’était une réflexion très pénible.

Je ne voulais pas être chef d’autre chose que ma seule existence. Cela ne me semblait pas compatible avec une culture définie autour de mon expérience.


Elle voyait les choses autrement et me proposait le dilemme entre l’ordre et l’anarchie. Qu’aurais-je dut répondre à ça ? J’ai refusé de choisir...

Après quelques disputes, j’ai refusé qu’elle définisse les statuts de notre culture. J’acceptais qu’elle écrive et réinterprète l’histoire à sa manière, qu’elle écrive les contes, mais pas de cadres, pas de règles, pas de dogmes ou de statuts.


Je choisissais ainsi l’anarchie selon elle.

Mais je n’étais pas venue ici pour fabriquer une nouvelle société.


Le désaccord passé, nous nous amusâmes à écrire notre culture commune. Regrouper ce que nous savions et ce que nous avions vécues. Interpréter à nouveau l’expérience vécue à l’encontre du ciel multicolore par d’autres mots, comme même elle l’avait dit autrefois...

Je laissais mon amie jouer à écrire nos légendes et en inventer de nouvelles.


Quant aux codes de notre culture, ils restèrent inexistants. Je voulais juste vivre, ni décider ni légiférer, ni plus subir la pression d’une société imposée par d’autres.

J’étais bien consciente que ce système était incompatible avec un nombre d’individus croissant, ou même supérieur à un objectivement.

Nous étions justement venues à cet endroit du monde pour cela.

Cela fonctionnait entre nous deux, mais je n’avais absolument pas l’ambition de faire croitre cela ou de l’étendre à d’autres individus.

Si j’étais venue vivre seule, cela démontrait l’importance de cette solitude pour moi.


Je ne comptais pas fonder une culture devant tenter de croitre ou ayant une ambition s’y confondant. Je ne voulais pas faire de la politique pour défendre et faire croître quelque chose me transcendant.

Et je ne voulais pas que mon refuge d’ermite se change en ville ou en hôtel... Et je ne voyais pas ma place solitaire évoluer.


Elle garda la crainte que cela pose problème lorsque quelqu’un d’autre voudrait nous rejoindre ou qu’un conflit apparaitrait ; mais elle accepta de respecter mes souhaits.

C’était déjà un paradoxe sur ma place et mes souhaits en soi, qu’elle accepte de suivre mon choix.


Le problème serait résolu lorsqu’il arriverait réellement. En attendant qu’une troisième personne arrive, ce n’était qu’imagination et je la suivis dans ses pérégrinations songeuses autour de notre histoire en ce lieu.


~


Un jour elle m’interrogea à propos d’une fresque presque effacée par le temps.

Le mur où j’avais tracé mes arborescences d’hypothèses avait perdu son toit et tout s’effaçait.

Je lui ai raconté cela. L’étude très poussée des futurs raisonnables que j’envisageais, jusqu’aux cas extrêmes, improbables mais graves.


Une fresque bientôt décrite en distribution des probabilités et expliquée en détail dans ses notes. Une étape importante de l’histoire et des changements qu’elle décrivait par ailleurs.


Elle trouvait des noms et des explications. Elle cherchait des symboles, et la plus grande étude que nous avons fait ensemble concernait mon symbole.

Elle trouvait important que j’ai un symbole, comme une signature de ma personne et de mon histoire. Une marque reconnaissable que je pourrais coudre sur mes vêtements ou graver sur du bois.


Très sceptique au départ, je me suis laissée entrainer dans cet élan créatif assez inoffensif à priori.

Elle reconnaissait au moins que je ne souhaitais pas léguer de culture ambitieuse derrière moi. Elle l’avait accepté. Mais elle souhaitait que je laisse au moins une marque, pour signifier...


Pour signifier que j’étais passée, qu’une vie et une histoire étaient passés, ou pour résumer celles-ci. Si pas pour véhiculer un ensemble d’idées, juste une pensée ou une émotion.

En un mot, un résumé en la signature de tout ce que j’étais.


Si je ne souhaitais pas laisser de témoignage ou de transcendance derrière moi, elle désirait que je laisse au moins un symbole pour signifier l’ange que j’aurais été.

J’entendais qu’à défaut d’avoir un drapeau, elle voulait au moins que j’ai une épitaphe...


J’ai donc finalement accepté de chercher l’image de ce symbole avec elle.


~


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