Ma jeunesse - Partie 1
L’école se passait mal, mais pas moins bien que ma vie à la maison. Tout allait mal que je fasse des efforts ou pas, que j’obéisse ou pas. Et au bout d’un moment, tout le monde se fichait de mon existence ou de mon absence.
J’ai envisagé de mourir avant d’avoir dix ans à plusieurs reprises. Mais je n’étais pas assez désespérée ou enhardie pour oser. J’entendais parfois parler de suicides et écoutais ou lisais cela avec intérêt. Mais même dans les pays aux plus forts taux de suicide du monde, ceux de mon âge d’alors étaient une aberration rarissime. Ou alors on les classait plus facilement comme des accidents, par crainte d’une épidémie un peu folle et ridicule.
A huit ans, une petite fille qui ne va pas à l’école est en danger. Je l’ai vite compris.
Aussi triste soit-elle, l’école restait un sanctuaire pour nous contre des horreurs que l’on envisageait à peine.
J’ai eu de la chance. Ce n’est pas moi qui ait été massacrée.
Mais en entendant parler de l’hôpital où elle avait été emmenée, et de l’état dans lequel elle avait été mise, j’ai appris. J’ai été terrifiée en l’imaginant toute bandée de la tête aux pieds, comme cassée de partout, saignant de partout, immobilisée dans un lit médical avec un tuyau coincée dans sa gorge. Cette image m’apeura, alors incapable de bien comprendre l’enfer qui l’avait amenée à ce genre d’état.
J’ai été assez intelligente pour comprendre que l’école nous protégeait un minimum non négligeable de certains dangers.
J’ai compris que je devais être plus intelligente et prudente que je ne l’avais été. Et j’ai aussi décidé que dorénavant je passerais mes récréations dans cet endroit du couloir où on peut entendre les adultes parler.
Ce que j’avais entendu m’a choquée mais m’a aussi rendue dangereusement curieuse, me faisant rester. Je compris que là les enseignants étaient des humains capables d’échanger des idées et des informations concernant la vie actuelle qui nous entouraient.
Dans leur sanctuaire à eux, à l’abris des enfants et a priori de leurs oreilles, ils parlaient librement. Ils étaient comme une grande famille, depuis le temps qu’ils étaient tous là. Ce dont ils parlaient et que j’écoutais discrètement était souvent terrible ou dur à comprendre, mais mille fois plus intéressant et passionnant que tout le reste à l’école.
J’ai quitté ma place habituelle parmi les fantômes de la cour, pour aller écouter les adultes parler.
Je me souviens de cette excitation mêlée d’angoisse.
Un mélange d’adrénaline et d’informations secrètes partiellement captées. Tout ce que j’entendais était potentiellement apeurant mais extrêmement intéressant.
Durant quelques jours en particulier où j’ai fait l’école buissonnière, m’échappant par un pan de mur délabré, pour errer dans les rues et les friches des quartiers proches, c’est arrivé.
Je n’étais pas encore bien futée, et j’ai été vue puis suivie par d’autres enfants curieux. J’ai involontairement fait des émules, jusqu’à ce que cela tourne mal.
C’était elle.
Pendant plus d’une semaine, plusieurs enfants s’étaient baladés dans les environs, naïfs et inoffensifs. Ils n’étaient pas assez nombreux pour inquiéter, ou peut-être que tout s’est passé trop vite.
La petite curieuse a été enlevée et massacrée. Elle a été retrouvée à la nuit tombée dans un état abominable.
J’ai appris fortuitement que j’avais loin été d’être la première à sortir pour errer. Mais j’avais peut-être été la moins discrète. Les fantômes se connaissant à peine, personne n’a dénoncé quoi que ce fut. La pauvre fille sortait peut-être déjà avant que moi je ne commence, honnêtement je ne sais pas. Mais je me suis sentie coupable.
La culpabilité m’a rendue malade.
Je suis réellement tombée malade de culpabilité et de peur, hantée par l’image de l’hôpital comme une prison pour cette fille à cause de moi.
A mon retour à l’école, je retournais dans ce couloir, et je me jurais de devenir plus intelligente que je ne l’avais été.
La petite fille n’est jamais revenue. J’ai entendu dire qu’elle était morte, et j’ai entendu un des enseignants dire que c’était peut-être mieux pour elle.
Je me souviens avoir éprouvé cette tristesse due à la perte d’un être cher. J’ai sangloté dans mon coin, seule. Je ne l’avais jamais connue, mais j’ai eue de la peine pour elle, et je me sentais responsable de son sort. J’ai eu beaucoup d’empathie pour sa souffrance. J’ai pleuré.
Quelqu’un qui passait m’a demandé de me taire.
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Je n’ai pas pu aller à son enterrement car je ne l’avais jamais fréquentée. Je n’ai même jamais connu son nom ou son visage. Mais je ne l’ai jamais oubliée.
En vérité, une part de moi devait avoir peur de s’approcher, car son nom aurait été facile à connaitre à l’époque. J’aurais pu m’approcher d’elle, de qui elle avait été ; mais peur, timidité et culpabilité m’ont refermée sur moi-même et l’idée que je ne la connaitrais plus jamais.
Ma peur et ma douleur m’ont murée dans une ignorance semi volontaire de qui elle était. Je pense que je me protégeais de quelque chose de morbide tout en fuyant mon sentiment de culpabilité.
Même si j’aurais objectivement put en savoir plus, j’ai continué de grandir comme si cela avait été impossible, et en trainant ce sentiment d’avoir perdu quelqu’un d’important pour mon cœur.
J’ai passé une année à écouter aux portes et aux murs.
Tentant de capter des bribes d’informations utiles. J’entendais surtout le désespoir et révolte, ou résignation des adultes dans ce monde qu’eux non plus n’aimaient pas.
Étrange... Qui aimait ce monde alors ? Si ni les enfants ni les adultes ne s’y plaisaient... C’était une découverte bizarre.
Même si je ne comprenais pas bien, je continuais d’écouter, persuadée que là seulement je pourrais entendre des vérités ou avis utiles et importants.
Dans une société où les livres sont à la fois tombés en désuétude et plus abondants que jamais, j’ai aussi pris un goût modéré pour la lecture, comme tous les fantômes en grandissant.
Les technologies informatiques et la télévision comme internet étaient un privilège des riches. De plus riches que nous en tout cas.
A défaut des bienfaits de l’informatique, on cherchait des livres qui nous plaisent comme on cherche des amis.
Les livres étaient comme le reste du monde... Nous étions perdus, il y’avait surpopulation qui avait explosé ces derniers siècles.
Trouver quelque chose nous ressemblant était devenu absurde de complexité. Les livres plaisants ou rassurants, apaisants ou excitants, s’étaient souvent perdus et rarement retrouvés. Lire était triste à l’école et nous rappelait l’école en dehors.
Mais au moins ça nous occupait et nous apportait une petite clémence de l’entourage en dehors de l’école. Donc nous lisions, et prétendions chez nous d’avoir plus de livres à lire qu’il n’était vrai. On s’échappait un peu en lisant, même si cela ne nous faisait pas autant rêver que cela nous avait souvent été promis par les adultes.
Qui parle de s’évader en lisant est bien chanceux s’il parle d’expérience véritable.
Moi je me suis plutôt intéressée aux histoires récentes, tentant de lire des ouvrages que les hommes politiques encore vivants écrivent. C’était des sujets encore trop avancés pour mon âge, et auquel je ne comprenais rien. Mais je voulais comprendre ce dont parlaient les adultes, tout en restant quasiment muette comme toujours depuis ma petite enfance.
Si je ne comprenais pas la politique, je devinais entre les lignes de ces livres minables ou curieux un sentiment d’inquiétude, voir de peur. Je ne sais pas si ces émotions étaient sincères mais je les devinais partout.
Tout le monde cherche à être rassuré, même eux, en tentant d’améliorer les choses ou en s’assurant de gagner beaucoup d’argent.
Quel monde triste. J’ai lu des comédies mais elles ne me touchaient pas. Les albums comiques, un peu, mais c’est toujours un peu étrange et difficile. Et puis ceux-là étaient les plus demandés à la bibliothèque, et ceux qui manquaient le plus.
A neuf ans j’ai eu mes règles et j’ai cru que je mourais. J’ai paniqué, j’ai pleuré, je me suis sentie sale, puante et humiliée. J’ai eu mal et tellement d’anxiété, de mal être, que je suis tombée malade.
Ma mère a vu les tâches de sang sur mes vêtements et m’a expliqué quoi faire d’une façon lapidaire. Elle m’a vite expliqué et m’a laissée me débrouiller avec mes larmes et ce choix incompréhensible entre tampons et serviettes. Les deux me dégoutaient. J’avais mal au ventre à cause du stress plus que de mes règles, à en crever.
J’ai coupé un tampon dans le sens de la longueur, péniblement. Puis un autre pour faire mieux. Les morceaux difformes me faisaient toujours peur. J’ai coupé un tampon dans l’autre sens, en trois morceaux. J’ai glissé celui arrondi entre les lèvres de mon sexe mais pas plus loin, déjà assez dégoutée et nauséeuse comme ça.
J’ai aussi pris une de ces serviettes.
Le lendemain ma mère me gronda pour mon gaspillage et me somma de choisir l’un ou l’autre.
J’ai choisi les tampons car je pouvais les couper en deux ou trois. Mais tout me dégoutait d’une façon ou d’une autre. Comment je pouvais choisir quoi que ce soit ?
Avec un peu d’argent volé de çi de là, j’ai acheté et essayé d’autres serviettes et tampons, mais rien ne me mettait à l’aise et personne ne m’aiderait pour ça.
Pourquoi c’était tabou ? Pourquoi ais-je peur à m’en rendre malade d’en parler ? Moi qui m’étais jurée de devenir intelligente, j’ai été terrassée par un processus physiologique mal connu et impossible à maitriser. Mon corps ne m’obéissait plus et ça me terrifiait.
J’ai longtemps eu peur de mes règles. C’est plus la force de l’habitude obligée qu’autre chose qui a diminué cette peur au fil du temps.
En regardant dans les sacs des autres filles, j’ai vu que j’étais loin d’être la seule ou la première, mais rien ne l’avait laissé paraitre. Il n’y avait aucune solidarité. Comment y aurait-il pu en avoir une tant que j’étais muette ?
Je me suis sentie coupable et responsable de mon ignorance et de ma souffrance, ce qui faisait empirer l’estime de moi déjà faible.
De mon coin de couloir, ma place de fantôme, je me sentais perdue et réfléchissais.
J’ai commencé à beaucoup réfléchir sur ce que je devrais faire pour m’en sortir, pour ne pas finir comme ma mère ou comme l’autre fille malchanceuse avant ça.
Et en même temps, il n’y avait pas besoin de beaucoup de réflexion ou d’intelligence pour comprendre que j’avais besoin d’un peu de prévenance, d’affection, d’amitié ou d’amour. Je mourrais de solitude, dans la saleté de mes peurs que personne ne m’aidait à apaiser. Que ce fut une mère, une amie, un amoureux ou un frère, un mentor ou une grand-mère, j’avais besoin de quelqu’un, n’importe qui presque, pour m’ouvrir et pouvoir parler.
J’ai commencé à avoir réellement besoin de quelqu’un proche de moi qui puisse m’écouter pour m’aider à m’apaiser.
Quelqu’un d’aimable, à qui je puisse faire confiance.
Qui ? Comment choisir ? Comment s’assurer que l’on peut avoir confiance ?
J’étais perdue avant même de commencer. Je ne savais pas encore quel genre de relation je voulais, mais une présence aimable à mes cotés était clairement souhaitée désormais.
Quelqu’un qui me plaise ou quelqu’un à qui je puisse faire confiance ? Ou quelqu’un que j’aime ? Ou plutôt qui m’aime ? Attends, attends, attends, de l’amour ? Mais... Qu’est-ce que c’est précisément ?
Tout le monde en parle ou écrit dessus, mais la définition claire n’avait pas l’air de faire consensus, et au final je redécouvrais un mot connu mais en réalité jamais bien comprit.
A force de l’entendre et de le lire, je m’y étais accoutumée, mais le comprendre ou le vivre, c’était une autre épreuve.
J’étais confuse désormais, et toujours aussi seule.
A défaut de comprendre l’amour, j’allais déjà me chercher une amitié. L’amour attendrait. Une amitié était un bon début pour une réponse à mes besoins psychiques.
J’ai commencé à regarder les autres en me demandant si j’avais envie qu’ils deviennent mes amis, et si oui ou non, pourquoi ?
On a beau se dire que l’on est assez mature pour ne pas juger les autres sur leur apparence, c’est un mensonge. La réalité c’est que l’on se croit tous assez mature et intelligent pour interpréter l’apparence de l’autre et ce qu’elle signifie. Et s’il n’est pas forcément faux que l’apparence recèle beaucoup d’informations, le problème est que nous sommes trop orgueilleux pour admettre notre propre regard ou croire que notre jugement physionomiste pourrait ne pas être juste parfois, bon, objectif, ou même réellement intelligent.
Notre orgueil instinctif nous aveugle en regardant les autres. Je suppose qu’il nous rassure un peu.
Sinon, tout est inconnu.
Les fantômes sont moins ouvertement critiques, mais nous avons les mêmes biais que les autres à priori. Nous tolérions plus les autres et différences, mais sans forcément en penser moins. Je ne sais pas dire si c’était plus hypocrite ou plus gentil. Probablement ni l’un ni l’autre, et pour nous le problème n’était pas là.
J’ai commencé à juger les autres sur ce que je voyais et apprenait d’eux. Je cherchais la personne idéale à mes yeux.
Dans la cour, je n’osais jamais aborder quiconque, mais cet exercice me prépara pour les vraies opportunités ultérieures.
Mes critères de choix n’étaient pas tous bien définis ou même conscients à l’époque. En fait, plus que chercher quelqu’un qui me plaise comme je le pensais alors, je cherchais quelqu’un qui me mette le plus à l’aise possible.
Dans les critères physiques et de l’apparence, puis de la personnalité, je cherchais tout ce qui pouvait m’inspirer confiance, même si les critères étaient subjectifs et discriminants.
Je gardais mes réflexions pour moi de toute façon, je n’avais aucune raison de me justifier pour mon racisme ordinaire dans mes goûts envers les autres.
Comme j’avais des craintes physiques, je préférais les enfants plus petits et plus chétifs que moi. La peur d’être blessée se calmait si la personne proche de moi était manifestement incapable de me menacer.
Les faibles physiquement s’accrochent naturellement plus aisément à la société aux lois de la jungle substituées, où les cartes de la puissance sont redistribuées. De la même façon qu’à l’inverse, les forts sentent qu’ils perdent au change et sont plus facilement tentés de retourner à la violence physique.
Rien de moins normal que de chercher à s’assurer son confort et sa sécurité.
Et dans un système comme dans l’autre, on s’inquiète de nos faiblesses face aux autres.
C’est pourquoi je préférais me rapprocher de ceux qui me semblaient physiquement plus faibles que moi, justement parce que je n’étais déjà pas bien grande. Je me sentirais plus en confiance avec cette sécurité.
Je regardais donc plutôt les petits, les plus jeunes, voir les fragiles et maladifs.
Ensuite, je cherchais assez similairement ceux qui trahissaient aussi une faiblesse dans leur personnalité. Moi qui était déjà bien introvertie, au point d’être devenue muette, j’étais déjà particulièrement faible parmi les faibles. Il était difficile de trouver un caractère plus timide et fragile que le mien.
Derrière cette fragilité que je recherchais, je voulais surtout atteindre un genre de personnalité, la gentillesse.
Si des gens forts et gentils peuvent exister, ma crainte d’avant prévalait. Du coup, même si la gentillesse était le cœur de la personnalité voulue, la faiblesse restait le critère prioritaire.
De plus, ceux qui n’ont de force ou de pouvoir dans aucun système sont plus ou moins forcés d’être sociables pour survivre. Du coup l’empathie et la solidarité sont plus facilement mis en avant chez les faibles.
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Au-delà de notre sécurité par le silence et la discrétion, nous étions plus facilement ouverts à la tolérance et les comportements aimables, vu que c’était les seuls à notre portée et en accord avec notre timidité craintive.
La gentillesse est poussée en avant par la nécessité lorsqu’on est faible. Elle n’est pas forcément sincère ou volontaire, si elle est juste l’expression d’une nécessité sociale.
Je pouvais donc faire de mauvaises surprises en me liant à des gens gentils par faiblesse. Mais entre ce risque et celui de s’approcher d’un gentil sincère mais plus fort et donc dangereux pour moi, les critères de choix ne changeaient pas. Pas pour moi.
Je préférais me tromper en approchant quelqu’un d’inoffensif que quelqu’un qui puisse avoir un pouvoir sur moi. Il était plus sûr de chercher un ami comme ça, avec un risque d’erreur probable mais surtout sans conséquences dangereuses pour moi.
La peut est peut-être bien la seule émotion réelle je pensais alors. Vu que mes goûts et préférences physiques comme de personnalité en découlaient, peut-être que tous les sentiments étaient des dérivés divers de peur au final.
Peur de la mort, peur des dangers, peur de la faim, de la soif, peur de la solitude.
Peur de traits physiques qui pourraient signifier une menace. Peur de traits de caractère qui ferraient de même.
Est-ce que l’amour est juste l’ensemble des traits qui apaisent toutes les peurs de préférences ?
Quoi qu’il en fut à l’époque, je cherchais doucement mon ami idéal sur ces critères bien tristes. Quelqu’un de gentil à qui faire confiance ne fut pas aisé à trouver, malgré ces critères pour me guider. La moitié étaient encore inconscients à l’époque. Je ne savais pas bien dire pourquoi une apparence ou un comportement m’attirait ou me révulsait. La conscience des critères fut lente à venir, et j’évoluais un peu comme un aimant au grés des approches. J’étais à la recherche d’une personne à qui j’accrocherais naturellement ma confiance.
Cela quitte à la quitter si elle me déplaisait ensuite. Autant dire que je n’ai jamais rêvé aux princes charmants quand je réfléchissais à ça, en entendant ma mère se plaindre.
Je ne rêvais certainement pas aux amours éternels ou romantiques quand je vivais dans la peur et la souffrance.
Je rêvais à autre chose.
Je me souviens de cette sensation au réveil.
Le rêve est déjà en train de s’effacer de ma mémoire. Il reste seulement une mélancolie qui s’évapore rapidement. Un peu comme lorsque l’on repense à un être cher que l’on a perdu. Le temps du rêve, on retrouve un sentiment plaisant, irréel autrement.
Le retour à la réalité est toujours un peu triste et esseulant.
Même si je ne me souviens pas de mes rêves d’enfant, je sais qu’ils étaient comme cela.
Ils laissaient une goutte de tristesse mélancolique en partant.
L’impression d’avoir revu quelqu’un d’aimé et perdu, tendrement, quelques instants avant que l’oubli n’efface ce moment.
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