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A  作者: 蕤
Chapitre 9 - Mon voyage
24/41

Mon voyage - Partie 7

Depuis ce soir, elle pouvait me parler de temps en temps dans la journée ou la nuit. Elle avait des périodes d’inactivité que je devinais être son sommeil. Elle évitait parfois de me parler durant le mien, mais pas tout le temps.

Chaque jour qui passait, son caractère modeste et humble retrouvait de sa ferveur.

Elle prétendait être dieu à nouveau seulement après quelques jours.

Elle devenait impatiente de naître et de voir le monde.

Elle se demandait après une semaine si elle ne pouvait pas accélérer la grossesse avec son pouvoir.

A mes dépens sans doute. Elle sentit mon gène soudain et tenta de me rassurer maladroitement.


Finalement vint le jour où je décidais de lui révéler ma surprise.


J’avais attendu pour une bonne raison, il y’avait des délais à respecter dans mes traitements.

Ce jour-là je lui demandais en toute innocence à elle, elle qui croyait tout savoir des humains, quelle était la grande différence entre nous et les animaux ?


Elle réfléchissait pendant que je répétais inlassablement dans ma tête une phrase qui n’avait aucun rapport.

Elle ne pouvait pas voir ma fresque des hypothèses et conséquences la concernant.


Elle me répondit quelque chose de banal, suivi de la question sur ce que j’en pensais.

J’ai commencé à lui décrire mon arbre des décisions et hypothèses en lieu de réponse.


Je lui racontais avec une nouvelle énergie après avoir avalé un comprimé et bu une gorgée d’eau. Avec un certain enthousiasme, je lui ai parlé de mes doutes, je lui ai raconté mes expéditions à la recherches d’indices.

J’ai ri de bon cœur à mes erreurs passées et mes doutes, comme aux hypothèses les plus farfelues inscrites devant moi. Qu’elle fut un extraterrestre par exemple.


Je lui racontais une histoire improvisée, ridicule, sans queue ni tête.

J’avais bu un peu d’alcool et cela m’égayait aussi un peu. Plus exactement, la ferveur du moment était magnifiée par cette légère désinhibition. Je riais de plus en plus souvent.


J’arrivais sur les hypothèses en désordre, mais je m’attardais longuement sur tout ce dont j’avais souvenir qu’elle ait put me dire, et comment l’interpréter. J’avais étudié tous ses dires, pour discerner autant que possible vérité de mensonge, mais il restait encore beaucoup d’incertitudes.

Dans ces cas-là à priori j’aurais dut la croire, lui faire confiance, mais je lisais tout de même mes conclusions à chaque fois.


Les conséquences les plus importantes dépendaient qu’elle fut réelle, évidemment.

Si elle dit la vérité, c’est invraisemblable et aimable. Mais si elle existe et ment, alors elle provoquera des guerres.


Sa volonté voulant se répandre.

Son opportunisme.

Ses manipulations.

Son ambition, démesurée, portant à conséquence sur tout ce qui est.


Le petit rien d’antan, rien dans ce système, dans cette nature, voulant devenir tout.

Ce dernier maillon éjecté de la chaine alimentaire, qui voulait devenir super prédateur à son sommet.


Au-delà du vivant, une ambition aux proportions divines, son installation comme un nouveau ciel et roi, au-dessus de tout ce qui vit. Devenir une créature suprême, mais promis juré, avec les meilleures intentions du monde !


Même si sa volonté avait été sincère, tous les systèmes, toutes les transcendances allaient être bouleversées et transformée par l’apparition de ce prédateur concurrent.

Elles ne l’accueilleraient pas mieux qu’une nouvelle croyance, et même si elle les contaminait toutes comme un virus, les transcendances bouleversées se défendraient et se révolteraient.


Une guerre inimaginable à cause d’une déstabilisation des systèmes tout aussi absurde.

Elle était comme une espèce invasive et opportune. Comme une pandémie pour l’humanité...


J’ai repris mon souffle. Je lui ai répondu.

Contrairement aux animaux, les humains ont la chance de pouvoir se guérir et avorter des développements parasitaires...


Il y eut un silence entre nous. Elle devait commencer à réaliser ce que j’avais compris, et ce que j’avais décidé.


Je lui ai parlé de ma mère.

Je lui ai parlé de cette naissance que je n’aurais pas due connaitre.


De sa peur, de son mal être. Comme le mien plus tard face à la peur agressive des autres. Quand ils ont le sentiment que leur transcendance qui donne confiance en leur propre identité est mise en danger.

Une vie peut et vat en affecter d’autres.

La sienne était simplement trop dangereuse et même malsaine.


Elle était une opportuniste sans morale. Et elle était proche d’un pouvoir inconcevable.

Je me devais de la stopper si je le pouvais.


Une haine s’élevait en moi, contre elle et ses mensonges, ses tentatives pour me manipuler, métaphoriquement et réellement !


Elle n’était pas dieu, mais monstre qui rêvait de le devenir.


Le fort qui se sent faible dans un système alors décide de forcer l’autre à basculer avec lui dans le monde où il se pense plus élevé.

Avec un pouvoir flou, mais vaste, elle représentait un danger, innommable, épidémique, prédateur, dominateur.


J’avais réussi à le comprendre et déceler ses faiblesses. J’avais réussi à piéger cette chose en l’attirant entre deux mondes, où j’allais désormais la tuer.

L’infanticide pouvait éventuellement être le meilleur choix pour tout le monde...


Même si c’était certainement le plus cruel envers elle. C’était le plus sûr.

Pour protéger des choses auxquelles je ne m’étais jamais attachée avant de réaliser le danger qui pesait sur elles.

Un danger réel finalement, pas juste conceptuel et piégé dans ma tête.

J’aurais préférée avoir rêvée plutôt que de la tuer. Cette réalité s’annonçait douloureuse pour moi, et d’autant plus infâme pour elle.


En étant consciente de tout, je la tuais affreusement, ignoblement.

J’avais été obligée de m’assurer de sa présence bloquée avant d’agir...


Cette guerre que nous nous étions menées en silence, j’étais désormais en passe de la gagner, car je l’encerclais, je l’englobais littéralement.


Pour son malheur, elle ne devait pas vivre et exister. Je ne lui permettais pas.

Pour moi-même, pour ne pas répéter une erreur, et pour tout ce que je pouvais connaitre de la nature comme de la culture. Car tout humain influençait au moins un peu sa transcendance, alors qu’elle voulait et allait tout bousculer, jusqu’aux systèmes naturels eux-mêmes.


Sa simple présence en moi attestait de révolutions probables et de déséquilibres douloureux partout dans le monde.

Et le pire, ce que je n’avais pas pu évaluer, c’était que si elle tentait d’imposer sa volonté par la force et son pouvoir, déclenchant l’agressivité et la guerre avec les transcendances actuelles ; si cela arrivait, je ne pouvais pas être sûre qu’elle n’allait pas au final gagner.


Tous nous dominer. Tous devenir son vivier. Tous obéir à un dieu dont la nature est parasitique et opportuniste.

Je ne parle même pas de tolérance.

Comment aurais-je pu l’accepter ? Il m’a semblé moral et justifié de faire mon choix.


Je l’ai empoisonnée.

J’allais commencer à avorter.

Au lieu de faire naitre dieu, j’avais choisi de la tuer.


~


Une décision lourde de sens et de conséquences, comme l’auraient été mon refus d’intervenir ou ma passivité désormais.

L’ambition de l’autre peut trouver sa place dans la patience, comme dans tout mouvement.


Elle ne me parla plus durant quelques jours. J’ai d’abord cru que le poison avait déjà fait son effet.

Je me suis demandée si mon agression ne m’avait pas rendue similaire à ceux qui m’en voulaient pour mon homosexualité.

En tout cas ce choix me permettait de ne pas devenir comme ma mère.


Mais face à des peurs qui restent incertaines, hypothétiques et éventuellement paranoïaques ; peut-être bien que j’étais en quelque sorte devenue comme tous ces gens qui nous haïssaient.


Une peur pour les transcendances telles que je les connaissais m’avait poussée à agir, instinctivement. Aussi une peur pour les systèmes tels ceux de la nature, en vue des ambitions qu’elle affichait.


Moi je n’avais pas eu d’ambition. Là était ma différence.


Même si j’avais été grisée par ma victoire, je n’étais pas si fière de ma situation.

Mes peurs n’avaient peut-être pas été si différentes, ou beaucoup plus justifiées. Mais mon ambition était elle bien différente.


Je ne voulais pas changer le monde.


Je ne le voulais plus.


Je ne voulais plus chercher à améliorer une culture que j’avais quittée.

Je me sentais mieux à cet endroit, à l’interface entre les systèmes. Loin de la civilisation passée.


A proximité de ce ciel multicolore comme elle l’appelait.


~


Peut-être avais-je juste voulu tuer dieu.


Pour devenir éternelle en inscrivant à jamais mon nom dans l’Histoire, même si c’était par le moyen d’un crime odieux, innommable. Survivre par un coût inconcevable.


Peut-être avais-je juste voulue me venger de ma fatalité. Faire payer à quelqu’un le poids de ma misère, de mon passé, de ma vie douloureuse.

Faire payer ma souffrance à quelque chose qui représente le destin, la fatalité ; qui porte cette responsabilité à mes yeux si ça m’arrange, même si ce n’est pas juste.


Peut-être bien...


Peut-être que je ne voulais plus n’être personne ; quitte à me battre, quitte à tuer.


Peut-être que j’étais devenue ce matin-là tout ce que je détestais chez les humains, simplement en ayant pri un autre chemin.


Un matin calme, frais et silencieux, normal. Un moment bien concret où mes discours grandiloquents d’un peu plus tôt me semblaient bien lointains et aussi saugrenus qu’un mauvais rêve.


Avais-je sauvé le monde d’un danger incertain ?

Ce matin-là, cette idée ressemblait plus à un délire mégalomaniaque qu’à une réminiscence plausible...

Cette dangereuse menace, n’avait-elle pas existé que dans mon esprit ?


Il ne me paraissait plus vraiment crédible qu’une créature à la nature incertaine logée dans mon utérus puisse présenter une réelle menace contre quiconque ou quoi que ce soit...

Pas plus que moi-même n’avait jamais été une menace sociale.


Même si je donnais naissance à un génie du mal qui deviendrait tyran, ce n’était pas une inquiétude raisonnable, c’était de la paranoïa.


Ce pouvoir dont elle s’était vantée, je ne l’avais jamais vu.

Je n’avais pas été témoin direct de sa puissance présumée, ce qui faisait tous les dangers contre lesquels j’avais agis de pures spéculations.


Si ma grossesse était réellement de son fait, les dangers étaient éventuellement extrapolations. Mais à l’heure où le clonage humain eugénique est déjà crédible, mes griefs en étaient d’autant plus légers...


Peut-être avais-je tout rêvée, car je voulais autre chose ayant plus de sens et de valeur dans ma vie. Un moyen de me justifier moralement comme toute philosophie.


Je déprimais et je devenais malade.

Les médicaments entrainant l’avortement étaient très violents. Mon moral baissait.


Il pleuvait. Je mangeais peu. Mon corps n’avait pas encore évacué le fœtus, éventuellement seule preuve réelle de mes craintes ou de ma lucidité.


Le jour venu, je m’insérais le dernier médicament dans le vagin.

Le produit devait décrocher tous les tissus à priori déjà morts ou mourants.


Je l’ai entendue à nouveau.


Sa voix était affaiblie et résignée.


Elle me reprochait de ne toujours pas croire en elle.

Que je doute encore de son existence alors même que je la tuais lui était pénible.


Après mes protestations, elle me signala que même si tous mes doutes avaient été justifiées, elle avait de toute façon indéniablement été réelle pour mon existence.


Même si elle n’avait été qu’une part de moi, elle n’avait pas tort en me rappelant que celle-ci avait été importante sur moi. Réelle ou pas, elle avait affecté ma vie.

Pour moi elle avait eu une forme d’existence et une influence indiscutable dans ma vie. Et pourtant je la traitais avec une violence inouïe.


Je lui répondis avec mépris que si c’était le cas, elle pourrait revenir me hanter même après cet avortement ; car si elle n’était pas réelle, alors elle n’en dépendait pas.


Elle soupira. Elle me dit que son voyage incomplet touchait à sa fin. Elle rajouta qu’elle était réelle, et allait bel et bien mourir.


Elle ne savait pas ce qu’il allait advenir de moi et du ciel multicolore après sa mort. Cela l’inquiétait.

En émoi, elle me supplia de la ramener là une dernière fois avant son trépas.


Je n’étais pas assez naïve pour relâcher ma garde maintenant. Je lui refusais.

Je n’allai pas risquer quoi que ce fut en la rapprochant de son artefact de pouvoir.


Je l’entendis pleurer.


Pas comme un bébé qui hurle pour que l’on entende son besoin d’aide. Ni comme un enfant puni ou grondé. Ni comme un adolescent après un chagrin d’amour. Ni comme un adulte après un deuil.

Peut-être comme une vieille femme apeurée par la mort et qui sent qu’elle l’entoure désormais.

Un sanglot discret, pure tristesse mêlée de regret.


Je l’entendis pleurer, comme si elle se tenait à côté de moi durant toute la journée, puis toute la nuit durant.


A l’aube, je pleurais involontairement avec elle. Je n’y pouvais rien.

Elle faisait le deuil de sa propre existence, et j’avais de la peine pour elle.

Quoi qu’elle ait put vraiment être, ce matin-là j’étais désolée de l’assassiner.


Je n’entendis ensuite plus cette voix.

Je me sentis esseulée.


Dans la matinée, mon corps à douloureusement expulsé un amas de chair informe et gluant.

J’ai mis du temps à me remettre de ces douleurs dignes de mes règles d’antan.

La chose visqueuse se desséchait au soleil, sur le bord du chemin où je l’avais abandonnée.


En fin d’après-midi, je l’ai brûlée.

Je savais bien que le feu ne purifie pas, mais j’étais mal à l’aise en laissant pourrir cette viande malodorante.

Le cloaque s’effritant, j’ai entrevu un fœtus qui me semblait normal, avant que la flamme ne le fasse fondre à son tour.


Les dernières flammes s’éteignirent.

Je devinais les formes des ossements mous entre les morceaux de cendre ou de chair calcinée.

Il ne faisait que quelques centimètres, les os étaient encore peu différenciés.


Je me demandais comment se développait l’embryon humain, et si cette chose avait été similaire en tous points ou non.

Peut-être qu’il valait mieux l’ignorer...


J’ai ramassé les restes et je les ai rassemblés dans un pot vide.

A l’occasion, je redescendrais récupérer les affaires abandonnées depuis quelques temps dans la mine, et j’irai l’enterrer à coté de cette flamme qu’elle avait tant aimée.


~


Après deux jours, je me sentais déjà beaucoup mieux et allégée. J’avais déjà des idées en tête sur ce que je voulais faire, mais d’abord je comptais en terminer avec elle.


Je fis mes bagages et repris le chemin de la mine. J’allais l’amener à sa tombe pour en finir avec ce chapitre de ma vie.


Le voyage vers les profondeurs se déroula sans incident.


L’escalier interminable dans l’obscurité m’était plus familiers désormais.


En bas, j’installais la petite échelle que j’avais construite avec mes outils neufs et apportée pour l’y laisser.


Je posais les pieds sur le sable froid, dans cette salle silencieuse.

J’entendais seulement le vent dans les hauteurs de cette vaste grotte, le courant climatique qui lui était propre.


Ma lampe torche éclaira l’endroit. Les sarcophages étaient toujours là.

Mes précédentes traces de pas s’étaient atténuées légèrement.


Au milieu, le faisceau lumineux était oscillant, un peu dévié et dispersé. Un tout petit peu.

Je ne voyais rien, mais sa porte était toujours là, toujours entrouverte.

Je l’ai examinée longuement au travers de ces quelques effets optiques étranges ; plusieurs sentiments s’entremêlant en moi.


J’ai cru voir la chose bouger, mais j’ai dut rêver.

Je n’ai pas enterré le pot, je l’ai juste laissé choir là. Je me doutais qu’avec le temps, le sable le recouvrirait.


J’allais repartir.

Je frissonnais.

Et l’horreur s’abattit sur moi.


Même aujourd’hui je ne saurais posément décrire cet effroi m’envahissant à ce moment-là.

La terreur.


J’ai entendu sa voix très distinctement derrière moi. Pas un murmure dans ma tête, mais les sons très nets d’une voix réelle, avec ses vibrations, une distance et son écho prolongé dans le lieu.

Un tremblement effrayant.


Ces mots, je ne sais pas ce qu’ils étaient. J’étais trop terrifiée par le son même, mon cœur cessant de battre sans me faire prodigieusement mal.

Je n’ai pas été capable de comprendre, mais je l’ai entendu avec épouvante. Je me suis retournée en m’urinant dessus de panique.


Elle me traitait de sorcière, et la lumière pulsait au milieu de cette grotte.

Elle parlait vraiment.


Un éclair me frappa le crâne, me faisant poser genoux à terre sous la douleur. Elle venait de m’attaquer.

Tout semblait s’enflammer dans mon crâne.

Elle s’enrageait de me voir prendre la succession de ces sorcières qui l’avaient opprimée si longtemps.

Son ton agressif me faisait mal au corps dans toutes ses vibrations.


Elle allait bien mourir, mais pas avant de m’avoir tuée et dévorée. Elle le hurlait.


- Je te le promet !


Le mal allait passer sa patte entre les barreaux qui la retenaient et l’étranglaient, même si seulement pour cela.


Je me relevais péniblement, le crâne en fusion. Ma torche à terre éclairait devant moi.

J’ai vu les cendres dans le bocal remuer, et celui-ci trembler.

Elle arrivait. Elle s’approchait.


Elle criait encore sa haine le temps qu’elle arrive à accomplir son office.


- Je n’ai peut-être plus les moyens de me créer ou de prendre contrôle d’un corps viable au-delà de ma porte, mais je peux encore créer quelque chose qui ne soit pas fait pour durer ! Si ce n’est pas la vie, je peux créer la mort !


Ma faucheuse entrait dans la réalité. Son jugement m’apparaissait.


- Je t’apportes la mort que tu mérites pour m’avoir tuée !


Le bocal éclata et des tentacules d’ombres s’extirpèrent hors de nulle part.

La noirceur absolue s’écoulait sur le monde devant moi qui tremblait de panique.

Quelque chose se construisait sous mon regard. Un monstre prenait forme.

Un monstre rien que pour mon trépas.


J’ai retrouvé un peu mes moyens, ou j’ai paniqué autrement en voyant un corps en train d’apparaitre devant moi.

J’ai fui, et plus rapidement que je ne l’aurais imaginée.


Un autre éclair invisible me frappa la tête tandis que j’escaladais mon échelle, me faisant crier de douleur.

Je n’ai pas lâché prise et je suis montée péniblement.


Elle agonisait. Sa voix se détériorait. Elle ordonnait à son monstre de me tuer dans ses derniers râles.

Elle mourrait en lançant son arme contre moi.

Je n’avais pas d’arme face à elle. Ma lampe était restée en bas. Je remontais les escaliers en titubant, terrifiée.


Elle m’a rattrapée. Des mains m’immobilisaient bientôt contre les marches et je me débattais contre rien de clair. Des griffes m’attaquaient.


Je me suis débattue de toutes mes forces dans l’obscurité contre un ennemi informe.

Nous avons fini par chuter jusqu’à nous écraser dans le tas de bois vermoulu et en cassant mon échelle.

Tout a éclaté comme un sac trop fragile à l’impact.


Je me suis relevée la première. Un autre courage renaissant face au monstre agonisant.

Je l’ai frappée brutalement, de tout ce que je trouvais, jusqu’à vaincre...

Avant de ramasser la lampe à côté, pour enfin la voir.


La silhouette humanoïde s’effaçait sous la lumière de la lampe. Elle était juste une ombre, une peur. Elle était parsemée de cendres qui dessinaient maintenant son corps épuisé sur les morceaux de bois et le sable.


Je reprenais encore péniblement mon souffle, observant l’étrangeté. Au milieu de son torse, je devinais les restes du fœtus. Les deux remuaient encore un peu, mais de moins en moins.

La manipulation s’estompait comme si la vie les quittait.

Elle avait tout tenté...


~


Au travers de cette vie que j’aurais pu lui donner, elle avait tenté d’exister et de me tuer avec ses dernières forces, à tout prix...

La créature était morte. Les cendres finissaient de tomber de la silhouette qu’elles avaient dessinée. Quelque chose s’étiolait et semblait se faner avec cette petite chose qui cessait de se mouvoir, au milieu des cendres qui retombaient. La pluie poussiéreuse se terminait. Les filets d’ombres qui s’étaient évadés hors du ciel multicolore se fanaient également. Ils tombaient en silence sur le sable, le long de lignes étranges où ils disparaissaient.


Elle était morte au travers et de l’autre côté aussi sûrement.

La mort du corps n’avait pas suffi. Mais cette fois, il ne restait plus rien d’elle, nulle part. Elle s’était désagrégée des deux côtés...


Je ne la rêverais plus. Je ne la reverrais jamais. Sauf en cauchemars, je ne la reverrais jamais.

Tout comme je ne pouvais revoir celle que j’avais aimée qu’en rêves.


Peut-être qu’un peu de ce dieu réapparaitrait un jour, sous une autre forme, dans une autre vie.

Mais pour moi elle était morte.

Elle ne pouvait plus m’inspirer ou me manipuler.

Elle ne pouvait plus me parler ni me toucher.


Pour moi et ma vie, quoi qu’elle fut réellement, elle était morte désormais.

Et je ne la revis jamais.


~


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