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A  作者: 蕤
Chapitre 9 - Mon voyage
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Mon voyage - Partie 6

A mon réveil, je me sentais mal à en vomir, et j’avais du mal à réfléchir. Mon premier réflexe fut de toucher mon ventre, mais je ne sentis évidemment rien d’anormal sous ma peau.


Ma tête tournait. Je me sentais malade. J’avais mal aux yeux et des acouphènes. Tous mes sens étaient irrités et secoués.


J’ai ramassé ma torche. Je l’ai péniblement rallumée dans l’obscurité. Mon briquet eu du mal à faire démarrer la flamme. J’y parvint et ramassait ma gourde.

J’ai recraché l’eau qui avait été envahie par les moisissures et avait pris un goût de marécage.

En renversant la gourde, j’ai vu des petits asticots tomber au fil de l’eau.


J’ai ouvert mon paquetage alimentaire pour trouver une vue encore plus horrible de décomposition. Je savais que le poisson se conservait mal mais je ne pensais pas le voir pourri si vite et autant. J’ai ensablé tous ces déchets et j’ai cherché la sortie sans réfléchir. Je n’avais rien d’autre à faire de toute façon.


Je me sentais mal et faible. Je m’essoufflais vite, même en marchant. J’avais faim et soif. Je commençais à suspecter être restée là inanimée un peu plus qu’une seule nuit.

J’ai retrouvé le bois vermoulu au sol et la marche d’escalier métallique en hauteur. Malheureusement en l’état je n’avais plus la force de m’y hisser. J’ai réessayé d’y grimper avec acharnement jusqu’à me déchirer la peau des mains et des bras sur le métal râpeux.


Je sentais relativement peu la douleur malgré mes mains maintenant ensanglantées et tremblantes. Cela ne me rassure pas de ne pas avoir mal. Je n’avais pas la force de grimper mais je ne me sentais pas non plus de refaire le chemin tortueux traversant tout l’abri. Il y en avait pour des kilomètres de galeries en plus des escaliers.

J’avais un peu peur. Mon cœur battait vite et un peu fort. J’ai quand même réussi à prendre le temps de réfléchir.

Sois maligne je me répétais. Sois maligne.


D’abord j’ai nettoyé et bandé mes plaies avec du tissu pas trop sol.

Ensuite je me suis dévêtue pour fabriquer une corde avec mes tissus inutiles. Je voulais conserver mes sacs et sacoches, mais je me permettais de sacrifier mon gilet, mon pantalon et un large morceau de mon manteau.


J’ai pris le temps de fabriquer deux mètres de corde torchon.

J’ai ensuite réussi à faire passer un bout sur un pied de la rambarde de l’escalier et j’ai refermé la boucle à mi-hauteur.


J’y ai accroché mes affaires et j’ai grimpé l’obstacle avec le reste de force que mes bras avaient.

Le pied dans la boucle m’aida à passer mon centre de gravité au-dessus de la marche. Je suis montée, essoufflée mais en vie.


J’ai récupéré mes affaires, me suis rhabillée et je suis partie à l’ascension de cette tour perdue dans l’obscurité, sans réfléchir. Je devais survivre avant de réfléchir.


Cette montée interminable m’épuisa et je fis des pauses innombrables. D’abord occasionnelles et irrégulières, puis tous les 2π de cette vis sans fin. A chaque tour complet, je m’appuyais contre la falaise et reprenais mon souffle, puis je repartais avec peine et courage au-dessus du vide jusqu’à retrouver le mur un peu plus haut.


J’avais rangé ma torche dès le début de la montée car je n’en avais pas besoin et la soulever du bras m’épuisait un peu plus.

Mon cœur fatiguait. Ma tête tournait de plus en plus vite.


Je me suis arrêtée et assise avant de m’évanouir. J’ai perdue conscience là, ou alors endormie d’un sommeil aussi morne que l’endroit où je demeurais.


Je me suis réveillée avec des courbatures comme je n’en avais pas connues depuis longtemps.

Je ne pouvais pas rester là. J’ai outrepassé la douleur pour continuer de monter.


J’ai fini par abandonner tous les bagages que je ne jugeais pas indispensable. J’ai gardé mes chaussettes mais pas mes lourdes chaussures.

Le doute sur ma survie même allait croissant, mais je ne pouvais rien faire d’autre que me battre jusqu’au bout pour survivre. Pas de courage pour moi en l’absence de choix. Même si je ne savais rien ; comme tous les êtres incapables de penser, je ne pouvais simplement pas agir autrement.


Je voulais vivre.

Pas pour elle. Pas pour mon amour. Pas pour me répandre ou répandre ma volonté non plus.


Ce que je voulais... J’allais l’avoir, j’en étais sûre. Très bientôt.


Mon plan. Il allait marcher. J’allais réussir. Cela s’annonçait bien.

Il me fallait juste parvenir à survivre ce jour, à ressortir.


Bientôt je serais chez moi, enfin...


~


Je perdais progressivement conscience quand je suis arrivée en rampant au bout de mon périple.

Retrouver ce sol artificiel me redonna du courage et je me suis relevée.

J’ai rallumée ma torche coincée dans mes vêtements sales, et je suis repartie.


Le tunnel accidenté fut long, mais moins que l’escalier. J’arrivais au bout du périple.

La prochaine fois, je penserai à laisser des caches avec des vivres non périssables à intervalles réguliers, comme les écureuils.

Il me fallait du sel... Beaucoup de sel.


Bizarrement, les seules idées me traversant l’esprit là-dessous étaient de cet ordre. Des plans pour l’avenir, pour améliorer mes conditions de vie en investissant.

Eventuellement même de retourner en ville pour dépenser l’argent qu’il me restait à mon campement, en outils, en sel et autres conservateurs. Aussi une vraie canne à pêche et des vêtements neufs...


Même les clochards que j’avais vu dans ma vie étaient mieux habillés que moi désormais. Mes fripes en lambeaux et maculés me dévoilaient comme une folle ou une sauvage.


Par mon ermitage j’en avais sans doute un petit peu plus que l’apparence désormais. J’étais fatiguée. J’avais fait des efforts invraisemblables.


J’atteignais la sortie. Un vent froid me frigorifia. Je tremblais. L’épreuve continuait encore. Je n’avais pas de chance.


Je me suis perdue dans les bois.

J’ai retrouvé mon campement seulement à l’aube. J’ai plongé dans le lac pourtant glacé pour boire et me laver.


Je me suis réveillée affalée dans l’herbe à côté de la berge. Toutes mes articulations me faisaient mal mais j’ai pu me relever. Je suis allée chercher à manger. Des fruits parmi l’une des cultures redevenue sauvage au sud. Du poisson du bassin où je conservais quelques un d’entre eux lors des pêches fructueuses.


Merci petite bête. Plus que de la saveur, c’était presque sa vie qu’il me transmettait lorsque je l’ai mangé. J’avais encore tellement faim. Je m’étais amaigrie...


Je l’ai vue en m’examinant plus tard, tout mon corps avait maigri d’une façon importante, à la limite de préoccupante. Mes mèches de cheveux gris s’étaient élargies aussi.


Je souriais quand même ce jour-là.


J’étais vivante. Le plus dur était derrière moi.


J’avais gagné.


~


Pour diverses raisons, notamment médicales, alimentaires, sanitaires et matérielles, j’ai décidé de quitter la région quelques temps.


Je voulais dépenser mon argent et me faire examiner par un médecin. Ma fièvre n’était pas retombée depuis plusieurs semaines, même si elle n’était pas bien forte.


Je continuais de maigrir et mes plaies aux mains guérissaient mal.

Je suis donc partie un matin d’automne. Vers l’est, suspectant pouvoir trouver une ville pas excessivement éloignée dans cette direction. Ce serait un village à trois jours de marche en fait.


J’y parvint, arrivant dans un état misérable. Cela faisait bizarre de revoir des humains après tout ce temps.


Les gens que j’ai rencontré m’ont aidé à trouver de nouveaux vêtements puis à rencontrer un médecin. On l’appela dans une autre ville et il passerait le lendemain soir.


En mangeant autour d’un verre, que je ne buvais personnellement pas, je racontais un peu ma vie et mon voyage aux curieux et à ceux qui m’avaient aidé.

Je taisais beaucoup de passages. Mais il restait deux trois choses distrayantes de ma route à leur raconter.


Le lendemain j’ai pu acheter un vélo avec un panier à l’arrière. Je n’étais pas assez riche pour un véhicule à moteur.

J’avais été hébergée dans l’une des plus grandes maisons de la ville, enfin du village. C’était plus petit que l’usine où j’avais campé ces derniers mois, mais bien plus confortable.


La cuisine me faisait tourner de l’œil. J’ai acheté un kilo de sel sans expliquer pourquoi, sur un coup de tête.

Je voulais pouvoir conserver du poisson...

Je voulais acheter tout le magasin, mais il valait mieux me restreindre à l’essentiel et économiser.


Le soir, un homme épais et un peu bourru me recevait en consultation médicale. Quand je lui ai dit mon nom et montré ma carte d’identité, il fut agacé.

Il ne comprenait pas ce qu’une étrangère d’un pays détestable de surcroit pouvait faire ici et dans cet état.


Je lui ai répondu avec mon plus beau sourire que je voyageais dans son magnifique pays. Pays que j’aurais voulue être le mien.

Il ronchonna et passa à l’examen.


Je lui parlais de mon amaigrissement, ma fièvre, mes douleurs articulaires, et tout ce dont je me souvenais que j’accumulais. Il écouta mon cœur de tous mes côtés, mesura mes réflexes, ma tension ; observa mes pupilles, ma gorge, mes sinus, mes oreilles, même mon entrejambe.


Il me demanda à quand remontaient mes dernières règles. Je suis tombée des nues. Y réfléchir me paralysais soudainement.

Deux mois... Trois mois ? Trop longtemps. Comment n’avais-je pas pu y repenser ?


Peut-être parceque j’avais vécu en déconnection du temps et du calendrier.

Il me posa d’autres questions auxquelles je répondais désormais d’un vague hochement de tête. J’étais trop abasourdie.


J’avais beau eue d’envisager cette réalité, l’imaginer et s’y confronter étaient le jour et la nuit.


Il me fit passer un test évaluant approximativement mon taux de gonadotropines dans l’urine. Il siffla devant les couleurs du résultat et me donne un nombre de plusieurs milliers qui ne m’évoquait pas grand-chose.

Il me confirma que j’étais enceinte d’environ trois à quatre semaines.


J’ai eu un hoquet nerveux.


Nous avons continué de parler, plus longtemps que prévu.


Je lui ai entre autres questions demandé à partir de quand le fœtus pouvait penser. Huit semaines d’après lui. Je lui ai demandé beaucoup d’autres choses, sur le sujet et sur ma santé en général.


Il me préparait une ordonnance, mais certains médicaments devaient être récupérés dans une autre ville. SI je le payais, il était prêt à me les faire parvenir directement ici. J’ai hésité un instant mais j’ai payé sans broncher.

Parmi ces médicaments s’en trouvaient quelques-uns dont j’avais vraiment besoin.


Il s’en alla au milieu de la nuit en me disant de patienter là quelques jours.

Je le fis. Je louais la chambre et me rendit utile en travaillant dans un champ vivrier de la localité.


Le maire apprit que j’étais étrangère mais s’en fichait. Il garda ma carte d’identité pour effectuer un contrôle soi-disant. Il finit par me la rendre sous l’impulsion du couple qui me louait une chambre.


Quatre jours de repos relatif plus tard, mon paquet de médicaments arriva come promis. Il avait fait assez vite en réalité. Une lettre difficile à déchiffrer détaillait des procédures et des délais à respecter.

Il me souhaitait bon courage et bonne chance.


Il avait compris plus de choses que je ne lui en avais révélées, je le devinais entre les lignes.


J’ai profité quelques jours de plus d’un lit confortable, d’une douche saine et d’une alimentation mille fois plus nourrissante. Je manquais terriblement de graisse, il me l’avait dit. Il m’avait aussi conseillé d’emporter du chocolat pour mes voyages.


Après ces courtes vacances j’avais le sentiment d’être assez bien acceptée par les habitants.

Mais je n’étais pas à ma place, et je suis repartie un matin, plusieurs heures avant l’aube.


~


Je poussais mon vélo chargé de tous mes achats de la semaine. Notamment des outils divers, mais aussi un peu de matériel abandonné ou donné.

Quelques bocaux remplis d’alcool de pomme de terre étaient un peu le rêve que quelques personnes m’avaient exaucé. Je pourrai les remplir de fruits pour les conserver. Le rêve.


J’avais aussi en plus inattendu, un petit moulin à eau ou vent selon le besoin, relié à un chargeur de batterie. Une lampe torche assez puissante utilisait la même batterie. En outils j’avais surtout pris des scies, une pince tranchante et une hache. Je savais où trouver des câbles donc je n’en avais pas acheté.


J’avais aussi pris un gros savon, un nouveau peigne et du dentifrice solide. Je ne me souvenais pas où j’avais pu perdre mon peigne.


Je suis retournée tranquillement dans la région abandonnée.

Je me suis réinstallée. Je n’ai pas tout utilisé ou rangé avec impatience.

J’étais encore en attente de quelque chose.


Plus j’attendrais et plus cela allait être risqué sur un autre plan, mais je devais savoir.

Une semaine à m’entrainer avec mes outils passa.


Avec deux semaines d’avances sur mes prévisions, elle se manifesta à nouveau.

Je m’y étais préparée.


~


Il faisait sombre.

J’étais assise à côté d’un feu. Je rêvassais.


J’entendis cette voix résonner où elle était, et me demander si j’étais là. J’acquiesçais.


Cette fois, je n’étais pas endormie.

Le feu devant moi pouvait me brûler si j’étendais mon pied. Le paysage était celui où j’avais passé la journée.


Le murmure qui s’élevait pourtant en moi m’évoqua que tous ses sens étaient engourdis, ils n’étaient pas encore fonctionnels.

Je lui ai dit qu’à priori, son cerveau et donc sa faculté de penser ou même de parler n’étaient pas encore prêts non plus.


Elle répondit que sa conscience n’avait pas pu attendre.

Le corps aurait son rythme de croissance normal, mais elle, elle était déjà là.


Elle me raconta ce qu’elle avait ressenti.

La peur en se décorporant. L’inquiétude en me manipulant de faire des erreurs, car mon organisme était apparemment sans cesse en changement.


Le sommeil. L’agrégation dans l’œuf truqué. La sensation lointaine de développement. Puis son éveil depuis peu.

Elle me parla de ce qu’elle ressentait désormais. La chaleur principalement. La lumière déjà éblouissante ensuite.


La chaleur telle qu’elle la découvrait était d’une intensité invraisemblable pour elle. Et la lumière qu’elle percevait était tout aussi formidable. Deux chocs pour elle déjà. Ou un seul.


Mais elle n’était pas au bout de ses surprises. Et déjà la première, c’était qu’elle avait réussi.

Elle était passée, enfin de l’autre côté.

Elle avait traversé son Axis Mundi au travers d’une cellule œuf.

Je ne lui avais pas facilité la tâche en étant non fécondée, mais elle avait bizarrement été capable de surmonter cette difficulté.


Il lui avait fallu qu’une nouvelle vie commence pour s’y accrocher. Pour devenir celle-ci.

Pour s’élever. Et s’éveiller.


Je lui demandais ce qu’il restait d’elle de l’autre côté de la porte.

Elle dit ne pas être certaine, n’ayant plus de vue là-dessous, mais probablement pas grand-chose. Probablement plus de conscience ou de volonté, mais encore une quantité indéterminée de son énergie vitale qui filtrait plus lentement. Ce qu’elle appelait son sang ou son pouvoir.

Il ne restait plus qu’à patienter. Tout était en ordre.


Je souriais car j’étais un peu amusée. Elle le sentit.

Elle me demanda pourquoi.

Je lui répondis que j’avais une surprise pour elle, bientôt.


~


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