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A  作者: 蕤
Chapitre 8 - Ma route
16/41

Ma route - Partie 1


Je savais que les premiers kilomètres, puis les premiers jours, étaient les plus difficiles.

Avant que l’habitude ne rassure et le progrès rassérène, tout nous fait douter.


L’organisme tout entier a peur et panique. Mes jambes et mes muscles ne m’inspiraient soudainement pas plus confiance que ma volonté.


Le début du voyage était la période de transition où la volonté était mise à l’épreuve par tout ce qui changeait.

Les doutes et inquiétudes tumultueux emportaient la confiance si patiemment accumulée et placée dans chaque paramètre, chaque os, chaque muscle, chaque pas et chaque pan de l’idée. La peur ressurgit pour tester tous les maillons qui l’empêchent de s’évader, dès que le monde parait changer, dès que l’expérience est nouvelle.


La peur est informe comme l’entropie.

Hm, ce n’est peut-être pas une comparaison très judicieuse. Mais la peur entrave chaque pensée et chaque mouvement, forçant à consommer plus d’énergie et de courage, pour avancer comme pour tenir le moral en bon état.


L’épreuve fut beaucoup plus intense et terrifiante que je ne l’avais imaginée.


Les premiers jours de marche m’épuisèrent psychiquement, me laissant inquiète quant au but et sens de mon voyage.


J’avais peur de mourir, et une bête en moi me criait de faire demi-tour pour assurer ma survie. Mon voyage était un pari trop risqué...


Je n’ai pas écouté ce chien, et j’ai réussi à avancer malgré les glapissements de peur de cette part naturelle de moi-même.


Survivre à tout prix ne me suffisait plus, je l’avais bien compris.

Alors j’ignorais cet instinct de conservation en attendant qu’il s’apaise. Je tentais de l’apaiser rationnement mais seul le temps pouvait le calmer.


Le changement ou sa perspective fait toujours peur. Une peur très difficile à surpasser et sourde à mes réflexions.

La peur envahit tout sans être vue ou comprise, mais elle est là, elle est toujours là, comme le magma sous nos pieds. Prête à surgir quand quelque chose menace même seulement de changer, au risque de tout emporter.

Elle a failli m’emporter...


Ces premiers mois où je tremblais et perdais l’appétit, d’angoisse.

Je voyais ma confiance ensevelie par la peur. Je me persuadais ou plutôt la peur me persuadait que je ne savais pas ce que je faisais.


Ce n’était pas qu’un voyage en solitaire et à pieds.

Qui aurait raisonnablement cru à mon rêve, à mon idée ?


La nuit, quand mon corps et mon esprit parvenaient à se reposer un peu, ma confiance faisait de même après mon fantasme. Ce désir de voyager me réanimait chaque fois que je faiblissais ou risquais de sombrer dans la panique.

Je voulais aller plus loin, je voulais découvrir un nouveau paysage. Et ma volonté, mon courage triomphait chaque matin sur la peur.


Chaque matin, quand je choisissais de continuer à avancer vers le nord, je repoussais les ténèbres une fois encore.

Les vraies ténèbres n’avaient jamais été l’obscurité même, l’absence de lumière, mais la révélation de la peur incolore, dans toute son ampleur.


J’arrivais à la dépasser à chaque fois, chaque jour, tous les mois, toute la saison.


Mon corps retrouvait progressivement confiance au fil des invisibles victoires quotidiennes, patiemment accumulées.

Je marchais mieux.


Quand je roulais mon sac de couchage à l’aube, je découvrais les paysages courants sous les lueurs riches en contrastes de la matinée. Chaque matin avait sa beauté romantique ou impressionniste. Et chaque soir également. J’y prenais goût.


Le monde avait sa beauté silencieuse. Je la rencontrais enfin ; le long des routes abimées et parfois abandonnées de mon pays.


Je retrouvais même le sourire enfin, car les peurs s’atténuaient. J’arriver à marcher.

Plus rien ne pouvait m’arrêter.


J’exagérais avec cette idée là, mais ma confiance en moi se renforçait à chaque nouvelle ville que je dépassais ou traversais.


Enfin, je voyageais. Telle que je le voulais. Enfin je partais suivre une route qui était mienne, qui me plaisait et m’attirait.


~


Je profitais des villes traversées pour me laver le temps d’une nuit d’hôtel et me réapprovisionner dans les magasins.

Cela me permettait également en suivant une carte d’estimer de mes capacités.

Tant ma vitesse que la durée que je pouvais tenir sans me réapprovisionner.


J’étais naturellement déçue des résultats initiaux. Mais je ne me décourageais pas pour si peu.

Je dépensais un peu de mon argent et repartais.


J’avançais sans relâche, à un rythme de marche tranquille.


~


Un soir seulement j’ai été agressée.

J’allais établir mon camp pour la nuit à la sortie de la ville quand deux hommes s’en sont pris à moi.


J’allais établir mon camp pour la nuit à la sortie de la ville quand deux marginaux s’en sont pris à moi.

Ils m’ont d’abord abordée, et n’ont pas apprécié que je refuse leurs avances. Ils m’ont parlé au moins avant de tenter de me violer.


J’ai du mal à croire qu’ils aient vraiment put croire pouvoir séduire une femme avec la manière dont ils me parlaient.

Leurs fantasmes étaient peut être encore plus irréalistes que les miens. Et les pauvres bêtes aveugles étaient désespérées.


La civilité ayant échoué pour eux, ils oublièrent celle-ci pour tenter l’agressivité. Les premiers à vouloir quitter la transcendance sociale ne sont pas forcément ceux qui ont le plus perdu au change, mais simplement ceux qui n’y trouvent pas leur compte. Un sentiment d’injustice sociale suffit pour tout justifier.


Du coup, le retour à la violence n’est pas forcément significatif d’une plus grande chance de victoire avec celle-ci.

C’est juste le désespoir de cause qui ne voit pas autre chose à tenter, même si la victoire n’est pas forcément assurée. Il n’y a aucune stratégie.


Ils ont fait l’erreur même de s’énerver devant moi et de me bousculer par mépris. S’ils m’avaient assommée comme des sauvages dès le début ou après m’avoir laissée repartir en paix, ils auraient probablement gagné ce qu’ils voulaient.

Mais leurs fantasmes et leur attachement probable à ce qu’ils comprennent de la société leur a fait tenter autre chose qui m’a prévenue du danger.

Et consciente de la situation, c’est moi qui ai pu m’y préparer.


Un décombre, une bouteille d’alcool dans l’une de leurs mains, la pénombre et mon manteau dans une main.

Tout est allé vite, et je savais que j’allais me battre pour ma vie, donc je ne me suis pas retenue.

Je n’ai pas imploré pour la pitié ou la paix, j’ai frappé avant qu’ils ne réalisent que le combat avait commencé.


En faisant mine de me laisser enlacer par le plus entreprenant, je l’ai fait trébucher, et l’ai poussé en déséquilibre vers les décombres en pierre.

J’ai attrapé la bouteille tenue à la main par le second et l’ai remontée en un coup sous le menton dans le même élan

La bouteille a éclaté contre son menton, il a poussé un juron. Je l’ai frappé avec mon manteau, qu’il a attrapé, immobilisant son bras. Je lui ai envoyé un coup de pied de toutes mes forces dans les testicules tant que ses mains étaient prises ailleurs.


L’autre se relevait après avoir été cogné contre des briques. Il était encore étourdit tandis que l’adrénaline me rendait folle d’une envie meurtrière. Ma panique devenait violence.


Je l’ai frappé avec force du pied et des poings avant qu’il ne retrouve son équilibre, jusqu’à le repousser de nouveau vers les débris durs. Une fois forcé à s’asseoir là, je lui ai cassé une brique sur le crâne avec les deux mains. Il n’a plus bougé.

Je me relevais de son corps inanimé et retournais vers l’autre qui gémissait. Il avait du mal à respirer. Je l’ai frappé en lui hurlant de dégager. Il a fini par repartir la queue entre les jambes.


L’adrénaline ne redescendait pas pour moi. J’ai ramassé mes affaires, car malgré la nuit qui tombait, je ne voulais pas rester là. J’allais continuer de marcher pour m’éloigner. En plus je ne risquais pas d’arriver à m’endormir désormais même s’il n’y avait eu aucun risque à rester là.


J’ai fouillé l’homme inanimé. Il n’avait pas grand-chose qui aurait pu m’être utile, à part un couteau avec un manche en corne. Je lui ai pris l’arme ou l’outil. J’ai ensuite vérifié son pouls, quand même inquiète pour ce que j’avais fait.

Don cœur battait encore, et il respirait.


Je n’étais pas plus heureuse pour autant. J’aurais pu le tuer ce soir-là, tout comme lui aurait pu me tuer, volontairement ou pas. Je l’ai tout de même laissé là et suis repartie.


~


Cette nuit fut l’une des seules où je continuais de marcher sans faiblir malgré l’obscurité. Je m’éloignais de cet endroit en attendant que mon calme revienne dans mes veines.


Cette violence, je n’aurais sue dire si elle avait été justifiée, juste, ou meilleure ou pire que celles subies dans ma jeunesse. Je ne prétendais pas savoir ce qui était juste ou meilleur...


Est-ce que j’avais éteint ma morale pour me défendre et attaquer ce soir là ? Quel choix avais-je, dans la mesure où je refusais d’ouvrir mes jambes pour eux ?


Je n’avais personne avec qui débattre de mes doutes, mais j’ai été hantée par cette soirée durant de longues semaines.

Je craignais de les revoir à la ville suivante. Puis d’en croiser d’autres...


Puis le temps passa.


~


Le printemps arrivait. Je commençais à en voir les premiers signes.

Mon périple se rapprochait alors d’une étape capitale.


Mon itinéraire avait été seulement partiellement improvisé. Je savais ce que j’allais trouver en continuant d’avancer dans cette direction. En suivant mon parcours sur ma carte, cette région que j’aurais pu choisir de contourner me sembla être exactement un chapitre que je voulais traverser et poursuivre.


Cette région de laquelle je m’approchais était une réserve naturelle quasiment désertée par l’homme. Quelques dizaines de kilomètres de région sauvage qui m’attiraient comme un aimant.


Mais cette réserve était interdite d’accès et surveillée.

Ce rêve aventureux était illégal et très sévèrement sanctionné.


Mon goût de l’aventure s’était enhardi avec ces semaines de marche quotidienne et d’ampoules aux pieds.

J’ai longé le grillage durant une journée entière à la recherche d’un point faible.

J’avais entendu parler de guides pour touristes que l’on pouvait engager en ville bien entendu, mais je n’avais pas envie d’aller vérifier ces rumeurs. Il fallait seulement que je sois prudente.


J’ai trouvé un coin à la terre très molle où l’herbe poussait mal. C’était un petit marais boueux que la fonte des neiges avait formé avec le temps.

Cette nuit là, j’ai nagé dans la boue sous le grillage, après avoir vérifié la consistance et la profondeur, puis jeté toutes mes affaires par-dessus le grillage. Pas de retour.


La boue glacée sur ma peau presque nue me pressait bizarrement. Je ne pouvais pas respirer et très difficilement bouger. Le temps s’était ralenti, mais j’étais excitée comme une enfant.


J’ai nagé, sous le grillage, dans la boue, durant plusieurs minutes. Mes poumons brûlaient. Ma peau était gelée. Mais j’étais un peu ravie et amusée.


Je me suis extirpée de ma gangue de terre glacée en rampant. J’étais enfin entrée dans la zone interdite.


Il faisait noir, un magnifique noir de pénombre forestière avec un ciel dégagé m’accueillaient.


J’ai récupéré mes affaires et me suis enfoncée dans la forêt en rampant comme un animal, à la recherche d’un abri pour la nuit.


Je me sentais bizarrement tellement heureuse à ce moment là.

Pourtant je bougeais très lentement, tremblante de froid et guettant avec inquiétude le moindre bruit suspect.


J’ai fini par agrandir un trou au pied d’un arbre et m’y blottir en m’emmitouflant dans mes affaires infiniment douces à ma peau soudainement. Je me suis endormie en position fœtale au creux de ces racines, couvertes de vêtements chauds et doucereux comme dans un nid.

C’était une expérience très étrange et très plaisante pourtant.


Au matin, j’avais pris froid et affreusement mal au dos. Je toussais avec des douleurs au ventre et à la gorge.

Je me suis essuyée comme j’ai pu et rhabillée. Mon visage et mes cheveux terreux me donnaient un camouflage forestier.

Je me suis alors aventurée dans des paysages aussi sauvages que merveilleux.


J’ai été effrayée et même pourchassée par divers animaux sauvages. J’en ai aussi mangé quelques un des plus petits.

J’ai fait griller un jour un genre de gros rat, de la taille d’un chat, que j’ai réussi à attraper.

Je ne sais pas si le braconnage compte aussi pour les rats. Enfin il n’y a pas d’espèce rare par ici je crois.


Le rat tombé dans mon piège n’était pas trop mauvais en goût une fois bien grillé.

Si j’avais su tanner le cuir, j’aurais essayé de garder sa peau, vu qu’elle était robuste comme du caoutchouc de pneu, au point de plier la lame du couteau que j’avais volé.


J’ai traversé des villages enterrés et d’autres forêts. La région était organisée chaotiquement, mais comme dans mon ancienne bibliothèque, très naturellement également. Les sentiers tortueux des sous-bois suivaient leur propre logique qui n’était simplement pas euclidienne.


Dans une cahute abandonnée, je me suis fait un bon feu pour me réchauffer. J’essayais de ne pas faire trop de fumée autant que possible. Là j’en avais besoin.

J’ai mangé le reste du rat de la veille. Je me suis surtout nettoyée un peu avec de l’eau réchauffée sur le feu. Je me suis réchauffée.


J’ai traversé cette zone unique avec bonheur et quelques frayeurs. J’ai évité les espaces trop dégagés et ceux manifestement animés. Et en quelques jours, je suis arrivée à la frontière nord est de cette région forestière. J’ai eu l’occasion de traverser la rivière qui la parcourait au milieu d’une vaste forêt.

Ne sachant pas nager assez bien pour traverser une rivière, cela fut périlleux, mais j’y parvins, à l’aide de bâtons régulièrement plantés dans le sol à un endroit peu profond.


La frontière nord est était en pleine forêt aussi à l’endroit où j’arrivais. J’ai donc rapidement trouvé un arbre de mon côté qui dépassait le grillage en hauteur. Un peu plus tard, je posais pieds sur le sol en dehors de la zone interdite.


J’avais réussi une première aventure et j’en riais de joie.

J’ai regardé ma boussole et ai repris ma route au travers de ce nouveau pays que j’arpentais.


~


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