表示調整
閉じる
挿絵表示切替ボタン
▼配色
▼行間
▼文字サイズ
▼メニューバー
×閉じる

ブックマークに追加しました

設定
0/400
設定を保存しました
エラーが発生しました
※文字以内
ブックマークを解除しました。

エラーが発生しました。

エラーの原因がわからない場合はヘルプセンターをご確認ください。

ブックマーク機能を使うにはログインしてください。
A  作者: 蕤
Chapitre 7 - Mon rêve
15/41

Mon rêve - Partie 2

Je n’étais plus dans la tranche d’âge commune aux jeunes filles présentes là qui souhaitaient devenir fortes pour pouvoir se défendre seules. Mon idée n’était pas si éloignée de la leur, donc je pouvais tenter de négocier.


Le chef de ce centre où j’allais m’accueillit dignement malgré mon âge et ma condition physique déplorable.

Contrairement à beaucoup des stagiaires, je n’avais pas l’intention de poursuivre avec un service militaire plus poussé pour lequel je n’avais plus ni l’âge, ni la volonté.

Sans ambition autre qu’être plus forte et apte à soutenir des efforts plus importants, il n’y trouva étrangement rien à redire.


Je crois qu’il était agréablement surpris de voir une jeune femme venir avec rien d’autre que la volonté de s’entrainer. Même si mon âge sortait de la norme de ses stagiaires d’assez loin, il acceptait.


Je me suis raccourcie les cheveux de nouveau, et j’ai commencé dès ce jour là à courir au côté de filles au minimum cinq ans plus jeunes que moi. Sans gloire.


A cause de mon âge et de mes mèches de cheveux gris à blanc, on m’a vite surnommée la grand-mère. Je préférais toujours cela à fantôme. Je souriais même en entendant mon surnom ; il m’amusait.


Ce camp de vacances sportives était un intermédiaire entre Lycée et école militaire indépendante. J’aurais fuis ce genre d’endroit seulement un ou deux ans plus tôt.


Mais aujourd’hui, un rêve me donnait du courage. Du courage pour m’essouffler et faire évoluer mon corps par les courbatures.


Beaucoup de sport, et quelques entrainements en extérieur comme je l’avais souhaité.

De la randonnée en dehors des zones urbaines. Des nuits à la belle étoile. Apprendre à faire du feu et gérer ses ressources matérielles comme celles mentales et physiques.


Mon cœur battait si fort qu’il me semblait exploser chaque jour sous les efforts sportifs.

Je respirais tout le temps avec douleur. Mon corps si faible à côté des autres s’épuisait en un rien de temps.

Les entraineurs ne m’humiliaient ni ne m’agressaient pour cela, mais ils ne me ménageaient pas pour autant.

C’était la principale différence avec la véritable armée et les milices populaires j’imagine.

L’armée sélectionnait les meilleurs et les renforçait. Les milices acceptaient de façon moins sélective mais étaient tout aussi rudes. Tandis que là, tout le monde était admis et la sélection par l’effort n’avait plus lieux d’être.

On gardait les fondamentaux d’objectifs mais adaptait les principes comportementaux au public.


J’ai été mieux traitée là que je ne l’avais été à l’école et au lycée.

Mais physiquement j’ai souffert.


Chaque jour était un nouvel exploit et chaque nuit un sommeil d’épuisement.

Je me réveillais en ayant entraperçu seulement l’image de mon espoir à chaque fois. Je n’avais pas le temps ni l’énergie de m’attarder sur ces rêveries, même quand je dormais.


Je me relevais chaque jour, quel que soit l’état de mon corps et de ma volonté. Je me battais.


J’étais toujours dernière à chaque sport, mais je n’abandonnais pas. Chaque pas fait à la course était un fragment de muscle gagné pour mon corps.


En dépit de mon surnom moqueur de grand-mère, et de la différence d’âge sous entendue, les filles me trouvaient assez sympathique en réalité, et c’était réciproque. Elles m’ont aidée et encouragée avec entrain pour certaines épreuves où je peinais, comme des escalades de murs et de cordes.

Je les aidais volontiers pour leurs problèmes parfois littéraires ou intellectuels. On me demandait de plus en plus mon avis car j’avais l’air sage et réfléchie. C’est parfois amusant d’être l’ainée.


Je devenais une gentille meneuse par la force des choses et de mes conseils, plutôt que par la force inexistante de mes poings.


En fait l’ironie est moins là que dans le fait que je prenais graduellement une importance que je n’avais pas cherchée à obtenir, et que je n’aurais jamais pu obtenir subitement.


Le respect que je gagnais valait mieux que l’autorité du plus fort.

Insensiblement, j’ai contribuée à améliorer la vie au camp, alors même que j’étais bonne dernière à tous les classements. Aucun des critères que cette petite société simplifiait n’évaluait ne me mettait en avant.


Un jour, il y eut un tournoi de boxe. J’ai dut participer comme tout le monde.

La fille qui me faisait face ne devait pas avoir quinze ans. Une jolie blonde aux traits fins.

Elle m’a dit pardon grand-mère, avant de m’envoyer un éclair dans le crâne et de m’assommer.


J’ai cru mourir pendant une seconde où tout était noir.

J’ai rouvert les yeux sur le ciel tournoyant et quelques visages inquiets. Le sien était là aussi. J’ai souri, amusée.

Il y’a eu des cris de joies et cela m’a fait rire aussi comme rarement.


La jeune fille était une bagarreuse née. Elle n’en avait pas la silhouette ni le visage.

Je lui ai raconté mes idées sur le jugement que l’on porte aux apparences. Elle m’a appris à encaisser des coups avec tout l’altruisme du monde. Plutôt que grand-mère, elle s’est mise à me surnommer maman. Et d’autres la suivirent.


C’était étrange, et cela me toucha d’être appréciée.


~


Je me suis un peu prise au jeu, tout en restant sagement modérée dans mon image de modèle de femme adulte. Je n’étais pas là pour cela et je ne voulais pas risquer d’en faire trop juste pour cette image.


J’ai courue. J’ai grimpé. J’ai rampé. J’ai creusé des fossés, rebouché des fossés, coupé du bois, fais de la musculation et même de la gymnastique.

La fatigue était telle que je perdais le contact avec mon corps, ne le sentant plus que dans la douleur et l’essoufflement, ou alors plus du tout et avec juste la sensation de flotter en apesanteur sur les soirs.


Les courbatures quotidiennes se transformèrent doucement. Le poids des altères et de mon propre corps sous l’effort s’allégèrent.

Je changeais. Seulement deux mois avaient suffi à initier quelque chose d’invraisemblable dans tout mon organisme et métabolisme.


Je mangeais plus, presque deux fois plus qu’avant. Mais je pouvais faire trois fois plus d’efforts désormais.

Mon entraineur me dit que ce n’était que le début et que je pouvais encore construire beaucoup de muscles sur mon ossature.


Ils me donnaient confiance.

Je ne comptais pas devenir une athlète ou une soldate, j’étais trop âgée et j’avais d’autres idées.

Mais je pouvais me rebâtir un corps capable de les supporter. C’était tout ce que je voulais. Je découvrais la satisfaction de commencer à y arriver.


A la fin, j’arrivais à hisser mon corps au-dessus des murs du premier élan, à le déplacer en courant plus d’une heure durant, et à me débrouiller pour camper en pleine nature.

J’ai aussi appris à tirer au fusil mais cela ne m’intéressait pas. Bien que la sensation soit séduisante, je l’admettais.

Savoir utiliser les mille et une fonctions d’une bonne lame me semblait plus approprié à mon projet que d’apprendre à tirer.


Au dernier combat, j’ai réussi à pousser une des filles au sol. Je me suis faite écraser juste après, mais même elle m’a félicité avec un grand sourire amusé pour mon progrès.


Le chef du camp a tenu à me serrer la main le dernier jour.

Mon passage l’avait touché aussi d’une certaine manière.

J’avais eu mes objectifs, et put considérer les conséquences de mes actions et réponses lorsque je voyais les relations évoluer au sein du groupe. Mais comme je n’avais pas imaginée l’importance que je pourrais prendre pour les autres filles, c’était un autre effet que je n’avais pas pu prévoir. C’était inattendu mais aussi touchant, pour lui comme pour moi.


On me demanda de revenir.

Je ne pouvais pas le promettre. Je les ai bien toutes remerciées et je les ai quittées.

J’ai été un peu triste de les quitter. Je m’étais sentier acceptée dans une petite société, presque comme si j’y avais eu une place à part entière.


Ma place, elle était ailleurs...

Si je devais revenir à l’avenir dans cette ville, au terme de mon voyage à venir, peut-être que je reviendrai dans cette école. Mais pour le moment, ma place était sur une route partant vers le nord.


Vers un paysage où la silhouette éthérée de mon amour passé m’invitait régulièrement à aller.


~


L’envie de voyager fleurissait en moi, et la lumière qui la nourrissait semblait venir du pays au nord. Un autre pays dont je connaissais peu le langage.

J’avais des notions et allait continuer de l’apprendre, au cas où.


Une fois rentrée chez moi, j’ai continué un entrainement régulier (plus modéré), en suivant les conseils que j’avais noté, des filles et entraineurs de l’été.

Après une période de repos, j’ai commencé des exercices divers très régulièrement.

Faire du sport ne coûte rien et procure beaucoup, c’est appréciable.

J’avais la chance d’avoir une bonne santé globalement.


J’ai vu ma silhouette changer au cours de ces jours où la dame retrouvait sa place à la bibliothèque, car j’en profitais pour faire du sport, beaucoup de sport.


Trottiner sur les routes environnantes, faire des exercices d’athlétisme dans les parcs équipés et des exercices plus musculaires chez moi ou dans des endroits tranquilles.


J’ai trouvé une friche industrielle avec des murs pas trop abimés mais aux briques et éléments très saillants. J’ai vu des jeunes qui s’amusaient à l’escalader un soir et je les ai imités. C’était l’entrainement le plus étrange, car il y’avait une autre ambiance en cela que ce que l’on pourrait trouver dans ces coûteuses salles de sports pleines de machines merveilleuses.


On pouvait dépenser sa fortune pour le sport, ou être pauvre comme moi et se contenter d’exercices de prisonnier et de courir dans la rue. Je trouvais l’efficacité dans la simplicité désormais. J’avais les bases, l’enseignement initial était la charpente que je n’avais plus qu’à nourrir comme les muscles sur mes os.


Manger était une nécessité qui trouvait un sens supplémentaire dans cette utilité de croissance physique.

Je m’appliquais aussi pour manger plus riche désormais.


Je courrais chaque mois un peu plus loin en dehors de la ville avant de faire demi-tour.

Je m’entrainais à partir.


Et régulièrement la nuit, j’entendais ma rêverie m’appeler, m’invoquer.

La silhouette fantomatique qui m’appelait pouvait varier en vérité, même si elle avait le plus souvent ce visage de mon passé. Les mots pouvaient aussi varier.

Mais l’idée du rêve ne variait jamais.

Que je voie des forêts, des plaines, des rivières ou de la neige, qu’il y fasse jour, nuit ou crépuscule.

Que j’y ressente de la peur ou du bien-être.


Je voulais partir.


M’élancer hors d’un passé desséché comme une mue flétrie. Faire peau neuve en partant vers un autre pays, un nouveau pays pour moi. Aller à la rencontre d’une autre culture et d’autres paysages.

Aller vers cette rêverie lointaine qui m’attire dans chaque soupir ;

Trouver une autre place pour moi-même, ou voyager à sa recherche.


Mon petit pays ne me suffisait plus...

Je voulais grandir, en partant vers un nouvel espace. Quitter le pays natal pour mûrir, pour m’épanouir...


J’allais bientôt partir.


Il m’avait fallu devenir adulte et vivre toute ma vie passée pour enfin y parvenir. J’aurais aimée partir bien plus tôt, bien plus jeune.

J’avais toujours voulue partir...


Enfin je le pouvais.

Et ce rêve persistant qui m’animait n’était qu’une expression de ma propre volonté.

Je partais enfin.


~


Je terminais mon contrat pour récupérer mon dernier salaire.


Quand la dame devenue mère me demanda ce que j’allais faire, je lui ai dit que j’allais partir en voyage au nord.

Elle avait l’air de sentir qu’elle ne comprenait pas toute la situation, mais elle n’insista pas et resta un peu mal à l’aise quand elle me vit partir.


Moi j’étais déterminée.


J’ai vendu tout ce que j’avais.

J’ai vécu à l’hôtel le temps de finir de tout vendre.

J’ai converti mes ressources et économies en quelques liasses de billets de ce pays et du voisin.


Tout ce que j’avais fait de ma vie dans cette transcendance tenait dans une poche de mon nouveau pantalon.

L’argent résume tout à un nombre qui ne colle à la réalité qu’aussi bien qu’on souhaite le voir coller.


Je me sentais soudainement bien seule, tandis que je m’affranchissais enfin de cette société.

J’avais peur.


Devant ce résumé de mon lien en une seule liasse de papier, j’avais vraiment peur. Je me voyais seule et bien fragile, si peu de chose. Tellement fragile.


J’ai toujours été fragile dans la nature comme dans la culture.

Et je me préparais à un voyage transverse à ces deux mondes où j’existais sans y être bien à l’aise.


Je commençais à prendre cette route hors des sentiers connus en quittant mon pays.


~


Mes cheveux étaient coupés court.


Mes nouvelles chaussures étaient bien mises. Mes sacoches fixées et raisonnablement chargées. Mon pantalon épais et mon manteau m’allaient bien. Je me sentais prête à partir, autant que je ne le serais jamais.


Mon cœur battait tellement vite. J’avais peur.

Mon sac me semblait lourd. J’étais anxieuse.

Mais j’avais mon espoir au loin.


J’ai commencé à marcher le long de la route quittant la ville. Comme quand je m’entrainais à courir, faisant demi-tour de plus en plus loin.


Je suis partie.


~


評価をするにはログインしてください。
ブックマークに追加
ブックマーク機能を使うにはログインしてください。
― 新着の感想 ―
このエピソードに感想はまだ書かれていません。
感想一覧
+注意+

特に記載なき場合、掲載されている作品はすべてフィクションであり実在の人物・団体等とは一切関係ありません。
特に記載なき場合、掲載されている作品の著作権は作者にあります(一部作品除く)。
作者以外の方による作品の引用を超える無断転載は禁止しており、行った場合、著作権法の違反となります。

この作品はリンクフリーです。ご自由にリンク(紹介)してください。
この作品はスマートフォン対応です。スマートフォンかパソコンかを自動で判別し、適切なページを表示します。

↑ページトップへ