Ma confiance - Partie 2
Bien assez vite, l’année se termina.
Je m’étais inscrite pour un cursus léger préparant à ce genre de concours et à un faible diplôme. Cela me permettait également d’avoir un travail à côté. Je voulais travailler. J’avais besoin d’activité. Mon amour allait préparer une rentrée à l’université.
L’été arriva et nous nous en allâmes. Je laissais derrière moi une note à ma mère et c’était tout. Rien ne me retenait à part l’habitude rassurante des lieux connus.
Les parents de mon amour étaient plus chaleureux avec moi qui allait vivre avec leur fille.
Ils ignoraient le détail de notre relation mais ils avaient l’air confiant.
Mon amour trouva rapidement un logement intéressant. Elle avait deux grosses valises de bagages avec elle. J’en portais une car je n’avais qu’un sac à dos.
Un petit appartement un peu vieillot mais pas pire que là d’où je venais, et elle s’attendait à rapidement s’y sentir à l’aise grâce à moi.
Ensuite nous avons cherché du travail.
Je trouvais rapidement un gagne-pain de misère. Elle mit plus de temps à trouver mais trouva mieux.
J’étais un peu résignée aux basses besognes sans vraiment aspirer à mieux. Je n’avais pas l’impression de valoir mieux. J’étais une étudiante plutôt médiocre et je venais d’une famille pitoyable.
Je n’avais pas de talent, de passion ou d’aptitude particulière. Mes faiblesses étaient légion.
Mon amour avait bien compris mon profond manque d’estime de moi et arrivait à me voir au-delà de ça. Que je ne sois pas résignée était le plus important pour elle et elle m’encourageait à avancer. Moi j’avais confiance en elle en plus de l’aimer. Des sentiments partagés.
L’appartement n’avait rien de particulier mais il était bien placé. Nous n’avions qu’un lit et elle était terriblement ravie par cette idée. Elle se moquait même gentiment de moi en imaginant comment elle allait en profiter pendant au moins deux ans.
J’étais un peu intimidée et excitée par ce qu’elle évoquait exprès pour me faire rougir.
Le moment qu’elle avait désespérément attendu arriva et je m’offris à elle un des premiers soirs après notre emménagement.
Dénudée de mon pyjama par ses mains comme pour elle-même, elle me caressa tout le corps avec... émotion dirais-je. Nos cœurs battaient très vite. J’étais encore gênée même si c’était elle. M’exposer ainsi me mettait mal à l’aise.
Ses caresses me faisaient frissonner ou me chatouillaient, comme ses baises sur ma peau.
Progressivement ces traits, ces lents mouvements qui me parcouraient, devenaient agréables et désirables. Mon corps appréciait ces touchers doucereux et variés. Elle dut m’embrasser sur tout le corps cette nuit là, sans faiblir ni se lasser. Elle aimait bien m’enlacer et m’embrasser. Me caresser jusqu’à m’en pétrir un peu la peau, c’était autre chose. Elle en vint à s’attarder vers mon entre-jambes.
Elle me chatouillait mais j’avais peur. Je lui dit que je supportais mal l’idée d’être pénétrée, même par un de ses doigts. Elle sembla réfléchir un instant mais au moins elle ne me reprochait pas d’avoir cette peur encore présente.
Elle laissa mon point faible en paix et remonta son attention légèrement plus haut, juste au bord supérieur. Elle me promit qu’elle ne rentrerait pas en moi sans ma permission, ce qui me rassurait déjà un peu.
Elle découvrit et libéra mon petit fruit, me provoquant des sensations bizarres. Cette sensibilité organique était supérieure à toutes les autres parties de mon corps. Je découvrais avec étonnement quelque chose de nouveau de mon corps, très sensible et là très plaisant.
Ses caresses me touchaient et me plaisaient autrement désormais. Ces sensations à leur tour devinrent plaisantes et assez prenantes. Un plaisir charnel s’installait doucement en moi.
Quelque chose chauffait de plus en plus en moi, un appétit s’éveillant sous ses douceurs. Je l’accueillais et racontais à mon amour ce que je ressentais.
Elle me trouvait particulièrement amusante de la sorte et ne s’en lassait pas.
Mon plaisir semblait naître entre ses doigts et gonfler ou se répandre en moi par quelque magie que ce fruit sensible permettait. Mon cerveau m’abandonnait un peu, comme mes jambes qui se contractaient parfois involontairement.
Le plaisir s’échappa après un long moment de ce câlin nouveau pour moi.
Il y eut comme un éclat de plaisir en moi.
Quelque chose de suave et chaud qu’elle m’avait donné, tandis qu’elle m’embrassait.
J’étais brièvement incapacitée, peinant à rassembler mes esprits après l’expérience de ces sensations relativement intenses pour moi.
Mon amante allongée contre moi se plaignit en riant d’avoir mal à la main après tout ce temps passait sur moi. Je la remerciais en souriant très sincèrement.
Son regard déborda d’amour et elle vint m’embrasser assez passionnément. Elle se serra ensuite contre moi en m’enlaçant. Tous nos corps étaient en contact, une chaleur un peu étouffante s’en dégageant initialement. Mais la douceur et l’apaisement nous aidèrent à nous endormir assez facilement.
Une autre fois, je lui rendis la pareille, l’attouchant avec un mélange de crainte et d’envie. Elle me guidait. Il me fallut beaucoup de temps et d’essais pour arriver à lui procurer le même plaisir, mais non seulement elle ne me reprochait rien, en plus elle était entièrement aux anges lorsque je parvins enfin à la faire jouir. Mes poignets endoloris me firent mal chaque jour et lendemain d’essais mais je ne regrettais rien une fois y étant parvenue.
Nous nous embrassions désormais pour nous souhaiter bonne nuit, et de temps en temps nous nous donnions du plaisir de la sorte. Elle plus facilement que moi.
Nous étions devenues homosexuelles à part entière. Je garderais les autres détails concernant nos ébats pour moi.
Je dirais juste que nous partagions un bonheur et un plaisir sincère, avec franchise. De jour comme au lit, nous étions devenues heureuses l’une avec l’autre.
~
Nos études étaient très difficiles, mais nous nous encouragions mutuellement. Elle tenait à y arriver car elle était pragmatique et savait qu’une meilleure vie l’attendrait au final. Un meilleur travail qui la ferrait vivre convenablement. Une voulait vivre bien, et si possible avec moi.
J’étais moins motivée par mes études et faisais des efforts sans jamais être convaincue par ma réussite ou ce que j’avais à y gagner. Je m’étais toujours sentie misérable et je n’arrivais pas sincèrement à croire que cela pourrait un jour changer.
La réussite, l’amour, l’argent, tous ces conforts réveillaient une mélancolie résignée si bien ancrée en moi qu’elle était pratiquement devenue mon identité et mon cœur.
Je n’étais pas que cela, mais si peu en vérité.
Mon amante l’aimait aussi cet aspect là, même si elle préférait le reste, le vrai moi.
Ses mots devenaient parfois un peu absurdes dans le romantique, mais je croyais en elle malgré cela.
Je savais qu’elle ne trouvait simplement pas les meilleurs mots pour me dire qu’elle m’aimait en dépit de mon caractère misérable et gardait confiance en moi malgré mes accès mélancoliques ou dépressifs qui avaient rempli de vie de ma vie.
Je faisais donc de mon mieux sans y croire.
Je travaillais sans réfléchir et appréciais ma vie auprès d’elle sans arriver à faire de plan à plus long terme. Tout ce que je pouvais imaginer à long terme se noyait dans mon nihilisme et mon sentiment d’être insignifiante.
Je vivais donc mieux et plus heureuse grâce à elle. Mais comme je lui dit une fois, je n’allais pas m’enrager pour la garder si un jour elle voulait me quitter. J’essaierais de la retenir, mais sans jamais succomber à la tentation de repasser dans le système naturel et violent, ni de brider ma morale pour la manipuler dans cette société.
Il n’était pas question pour moi de lui montrer une forme ou une autre de violence pour dominer un désaccord qu’elle aurait avec moi.
Cette gentille la touchait, même si quelque part elle aurait aussi aimée m’entendre plus combative ou passionnée. J’étais prête à me battre pour elle, mais pas contre elle. Elle finit par comprendre la différence.
Je passais d’un travail à un autre selon les opportunités, travaillant parfois au noir sans trop de remords. Ce genre là nous mettait moins à l’aise tout de même et je les écourtais le plus possible.
Ensemble nous étions bien et confiantes. Séparées, la vie était plus difficile et triste.
Nous avions moins peur globalement et la confiance s’élargissait doucement.
Assez rapidement, les deux années heureuses d’études passèrent de la sorte.
Ses efforts payèrent, elle obtint son diplôme.
Les miens furent juste suffisants pour l’obtention d’un titre moindre mais qui me permettait de prétendre à un emploi précaire dans un centre culturel qui recruterait.
Nous fêtâmes notre réussite dignement.
La recherche d’emplois plus pérennes commença.
Cette fois elle trouva rapidement mais pas moi. J’allais me résoudre à un nouveau petit travail de misère mais elle refusa.
Nous nous mîmes à chercher ailleurs sous son impulsion, et elle refusa finalement son premier travail pour le faire avec moi.
J’étais très gênée et admirative. Cette tristesse en moi était remuée.
Dans d’autres villes et régions, nous cherchâmes ensemble.
Enfin une opportunité fut découverte.
Elle recommença à chercher un travail pour elle à cet endroit tandis que j’allais m’assurer d’obtenir le mien.
Malgré mes lacunes, j’y parvins. Ce centre culturel avait besoin d’aide et quelqu’un qui prendrait entre autres la charge de la petite bibliothèque était souhaité. L’employé actuel s’en désintéressait, préférant passer son travail du coté médias et informatique, à l’opposé de moi.
Le poste me convenait et vice-versa. Je signais.
Mon amante trouva quelque chose pour elle-même pendant que je commençais à chercher un logement.
La vie était fatigante mais nous avancions.
La voix qui avait voulue hurler en moi depuis si longtemps semblait avoir disparue avec le temps. Quelque chose de calme amené par la patience et l’amour la remplaçait.
Nous nous installâmes bientôt à un nouvel endroit plus clair et frais, plus plaisant.
Un endroit encore jeune et dénué de caractère mais d’une douceur agréable.
Cela lui convenait mieux qu’à moi. Je m’y faisais sans soucis cependant.
Parfois nous revoyons ses parents, qui commençaient à suspecter quelque chose entre nous. Le lit unique dans les deux appartements était assez explicite mais ils n’en dirent rien et faisaient mine d’ignorer ce détail flagrant.
Ils restaient cordiaux avec nous, mais ils n’avaient pas l’air rassurés en voyant cela, même s’ils n’osaient pas aborder le sujet.
Le travail commença. L’habitude prit terriblement vite le pas sur la nouveauté.
En une semaine, tout était devenu banal à mes yeux.
Tout sauf mon amante, qui me restait clairement agréable et réconfortante. J’étais heureuse avec elle. Je lui répétais et réciproquement.
La vie ensemble était douce et agréable. Elle valait la peine d’être vécue et de faire les efforts quotidiens au travail.
Son travail était dur. Elle subissait de la pression. Le mien était pauvre, insipide et mal fréquenté.
Elle travaillait durement et moi vainement. Des efforts qui n’étaient pas reconnus ni même vraiment utilisés au meilleur escient. Mais ensemble nous pouvions et parvenions à supporter cela. Nous nous réconfortions et parvenions même à rire de nos journées futiles. Nos vies, leur essence, n’était pas à nos emplois mais avec l’autre.
Nous allions marcher régulièrement, nous promener pour découvrir les paysages des environs et les autres quartiers de la ville. Une ville terne, vieille et peu entretenue comme le reste du pays et du monde, mais pas sans ce charme du vieillissement naturel et calme. De l’érosion et des plantes qui se réinstallent dans les interstices croissantes.
Parfois je travaillais jusqu’à très tard dans la nuit pour retrouver ce calme apaisant du noir.
Mon amante n’aimait pas trop cela mais me l’accordait de temps en temps.
Elle aimait mieux l’obscurité si je pouvais être à ses côtés, lui faisant part de mes idées et de mes espoirs, partageant mon goût pour la sérénité de la nuit lorsque j’étais là pour l’accompagner.
Elle disait que je la guidais dans l’obscurité, lui permettant d’apprécier l’espoir calme qui habitait les temps nocturnes.
J’aimais bien ses métaphores de voyages et d’aventures. Elle m’aidait à rêver et rêvasser joliment.
Nous nous racontions les histoires que nous inventions morceau par morceau dans ces moments, regardant la nuit ou les étoiles. Nous partagions des rêveries éveillées dans une profonde sérénité.
Peut-être partirions nous bientôt en vacances et voyage ensemble, d’ici un an. Un voyage en amantes nous tentait.
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Le bonheur dura un certain temps. Avec ses hauts et ses bas, ses disputes même parfois.
La mémoire est sélective et pas tellement fiable. Quelqu’un d’optimiste se souviendra plus des bons moments passés.
Quant à moi...
Je suis au moins consciente que cette période heureuse s’écourte dans ma mémoire et s’estompe dans la routine qui a duré. Ma personnalité sous évalue maintenant cette période de plénitude à cause de ce qui a suivi.
J’ai vécue des années avec elle et j’ai été heureuse. Je ne regrette rien.
J’ai seulement du mal à évoquer beaucoup d’autres souvenirs de ma vie avec elle. Car mon caractère les rétrécit et aussi parce que ma vie souffre de ce que j’ai perdu.
Elle me manque toujours, au moins un peu, de temps à autres. Et mes souvenirs heureux prennent une teinte triste à cause du présent.
La réalité était donc plus belle que ce que j’arrive aujourd’hui à décrire. Et objectivement, c’était probablement plus important et durable que certains chapitres précédents.
Notre vie ensemble était importante pour elle et moi. Je dévalue d’autant plus facilement ma vie d’avant...
Ce qui est important pour comprendre ce qu’il m’arriva ensuite était aussi présent dans ces moments là je l’espère.
Nous avons eu une belle vie, qui passa comme un doux rêve.
Ce bonheur passé reste quelque part au fond de moi.
Petit à petit hélas, nous avons été réveillées.
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